Berlinale: Entretien avec Dieter Kosslick

Berlinale: Entretien avec Dieter Kosslick

La Berlinale débute ce jeudi 9 février et sera à suivre en direct sur FilmDeCulte ! Dieter Kosslick, qui dirige le festival depuis 2001, nous présente le menu de cette nouvelle édition...

  • Berlinale: Entretien avec Dieter Kosslick
  • Berlinale: Entretien avec Dieter Kosslick
  • Berlinale: Entretien avec Dieter Kosslick

Rétrospectivement, quels ont été à vos yeux les points les plus forts de la Berlinale l'an passé ?

Fuocoammare, qui est nommé aux Oscars et a gagné à juste titre l'Ours d'or, est plus que jamais un film puissant et tout à fait d'actualité, puisqu'il y a toujours des milliers de réfugiés à secourir. Nous croisons les doigts pour les chances du film aux Oscars. Comme Meryl Streep l'a dit l'an passé lors de la cérémonie de remise des prix: “Ce film touche en plein dans le mille ce qui constitue le cœur de la Berlinale”.

Dans quelle mesure diriez-vous que le contexte politique a eu un impact sur la sélection – ou sur les films que vous avez reçus ?

Les artistes reflètent toujours le monde dans lequel nous vivons. Par conséquent, le contexte politique a forcément eu un impact sur les réalisateurs. C'est intéressant de voir comment ces différents films traitent d'une telle situation. Dans le programme de cette année, certains films ont en commun d'explorer l'Histoire pour comprendre les problèmes d'aujourd'hui. C'est le cas notamment de Viceroy's House de Gurinder Chadha, qui montre les terribles circonstances de l'indépendance de l'Inde il y a 70 ans, quand l'occupant britannique a laissé derrière lui un pays troublé et opprimé. Des choses similaires se passent en Afrique ou en Chine de nos jours. Un autre sujet très actuel est celui de la répression et la persécution des minorités, comme dans notre film d'ouverture Django d'Etienne Comar.

La Chine s'est souvent distinguée en compétition ces dernières éditions. Cette année, le long métrage chinois sélectionné est une surprise puisqu'il s'agit d'un film d'animation. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Comme bon nombre de nos films en compétition, Have a Nice Day de Liu Jian traite un problème sérieux avec un grand sens de l'humour. Il est taillé pour notre ligne éditoriale de cette année, à savoir l'échec des grandes utopies et philosophies. La Chine est un pays en transition, pris entre le capitalisme et le communisme. Le film montre l'envers de la médaille: la cupidité et l'incertitude. L'abstraction inhérente au cinéma d'animation n'est qu'un autre aspect comique mettant en valeur ce sentiment en Chine.

Quel est votre sentiment sur l'année allemande ? Les trois films en compétition semblent très éclectiques.

Cette année les films allemands sont non seulement bien représentés en compétition mais démontrent également la diversité de notre cinéma. Beuys d'Andres Veiel est un portrait documentaire d'un des artistes les plus talentueux de l'Histoire du pays. Le road movie Bright Nights de Thomas Arslan s'intéresse à la relation aliénante d'un fils et de son père qui a été absent pendant des années. Et avec Retour à Montauk, Volker Schlöndorff a réalisé un film très sensible sur le bonheur et la mémoire. Il y a par ailleurs de nombreuses co-productions allemandes dans la compétition.

Avez-vous noté des similarités thématiques ou esthétiques parmi les films que vous avez vus cette année pour constituer la sélection ?

Oui, beaucoup de films font preuve d'espoir et de confiance, quel que soit le sérieux de leur sujet. Les réalisateurs traitent de problèmes actuels et se questionnent sur la manière dont on peut s'en sortir, comme dans L'Autre côté de l'espoir d'Aki Kaurismaki.

Entretien réalisé le 7 février 2017. Un grand merci à Judith Günther.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires