Entretien avec Dieter Kosslick
Coup d'envoi de la Berlinale ! Dieter Kosslick, qui dirige le festival depuis 2001, nous parle des tendances et temps forts de cette 64e édition...
Il y a une forte présence chinoise cette année à la Berlinale, notamment en compétition. Pouvez-vous nous parler de ce que vous avez découvert ?
Les genres des films chinois sélectionnés cette année sont aussi divers que le cinéma peut l’être lui-même. Nous allons montrer Blind Massage de Lou Ye, qui nous transporte au cœur des émotions et des perceptions de personnes aveugles. A l’opposé nous présentons Black Coal, Thin Ice qui est un film noir moderne, ainsi qu’un film inspiré par les westerns italiens, No Man’s Land, tourné à la frontière de la Chine et de la Mongolie. Ces longs métrages ont en commun d’essayer de montrer une Chine éloignée des méga-villes telles que Shanghai ou Pékin, une Chine dont on découvre les lieux cachés, et parfois magiques.
Il y a aussi plus de films allemands en compétition. Est-ce l'expression d'un regain de vitalité dans la production cette année ?
Le cinéma allemand a toujours représenté une part importante dans le programme de la Berlinale. Cette année montre surtout une diversité de styles, de sujets et de tendances. Les films que nous avons sélectionnés sont vraiment très variés en termes de genres et d’idées. Et je n’oublie pas toutes les coopérations allemandes, l’investissement dans des productions étrangères.
Avez-vous noté des similarités esthétiques ou thématiques parmi les films que vous avez sélectionnés cette année ? Des thèmes communs émergent-ils de votre sélection ?
De façon surprenante il y aura beaucoup de films liés aux événements de la Seconde Guerre Mondiale. A travers différentes approches, différents contextes dans des films tels que Diplomacy de Volker Schlöndorff ou The Monuments Men de George Clooney. Berlinale Special présente Night Will Fall réalisé par André Singer, qui est un making of du documentaire German Concentration Camps Factual Survey, qui sera également montré au Forum et qui revient sur les atrocités du National-Socialisme.
Il y a un lien direct avec le film du Panorama The Decent One, qui dévoile la personne Heinrich Himmler derrière le leader SS (et qui a exécuté ce génocide). D’autres connexions sont visibles à travers les différentes sections. Mais nous avons également beaucoup de sujets actuels dans le programme, comme la religion et la sexualité via des films tels que Stations of the Cross de Dietrich Brüggemann ou Nymphomaniac de Lars Von Trier (dont le premier volume est présenté à la Berlinale en version intégrale, ndlr).
Parmi toutes les sélections que vous avez faites pour la Berlinale, y a-t-il une découverte particulière dont vous soyez fier ?
Je préfère dire que je suis très très heureux d’avoir eu l’opportunité de montrer un tel nombre de films formidables et intéressants. Je pourrais dire que je suis fier de chaque découverte qui a grandi depuis la Berlinale, comme Dietrich Brüggemann qui a été sélectionné pour la première fois dans la section Perspective du Cinéma Allemand, et qui intègre aujourd’hui la compétition. C’est un cas de figure qu’on peut observer. Et particulièrement avec Berlinale Talents, nous travaillons beaucoup avec les réalisateurs de demain et par conséquent sur le futur du cinéma international.
Qu'est-ce que fait la spécificité de la Berlinale par rapport à d'autres festivals majeurs comme Cannes ou Venise ?
Tout d’abord, nous sommes Berlin, un des plus importants melting pots d’art et de culture au monde. Au-delà de ça, je pense que la différence majeure est notre souci de la démocratisation. Du coup je suis très heureux de dire que nous sommes le plus grand festival de cinéma public au monde, qui accueille chaque années plus de 400.000 visiteurs.
Entretien réalisé le 5 février 2014. Un grand merci à Julia Boxler.
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