Entretien avec Bob Byington
Cinquième long métrage de Bob Byington, Somebody Up There Likes Me est le premier film du cinéaste américain à sortir en France (le 23 janvier). Une belle entrée en matière pour découvrir l'univers surprenant du réalisateur, primé à Locarno l'été dernier. Somebody Up There Likes Me, qui raconte une vie quasi-entière en 1h15, est une miniature ambitieuse et mystérieuse à ne pas manquer. FilmDeCulte fait les présentations !
FilmDeCulte : Dans quelle mesure la bande dessinée influence ou inspire t-elle votre travail de cinéaste sur un film tel que Somebody Up There Likes Me ou en général ?
Bob Byington: Je n'aime pas vous décevoir avec ma première réponse mais non, elle ne m'influence pas vraiment. Je n'ai jamais été tellement branché bandes dessinées.
FdC : Le fait de garder le même acteur pour tous les âges de la vie s'est-il imposé à vous dès l'écriture ?
BB: Non, c'est une décision qui a été prise à peu près un mois avant le tournage. On a trouvé que c'était mieux s'il ne vieillissait pas. C'était la combinaison de plusieurs facteurs, mais il s'agissait aussi essentiellement d'instinct. Ça donne une qualité supplémentaire au film qui aurait peut-être manqué autrement, et je suis content de ce choix. C'était une décision collective.
FdC : Pouvez-vous nous parler du contraste qu'il y a dans Somebody Up There Likes Me, entre la douceur apparente des choses et le climat anxiogène qui s'en dégage ?
BB: Mon intention était de faire un divertissement léger avec un thème lourd. Alors la musique est dynamique, il y a de l'animation, et les couleurs sont rayonnantes, et il y a plein de blagues. Ça a toujours été ça l'idée.
FdC : Votre film raconte toute une vie ou presque en 75 minutes. On voit de plus en plus, ces derniers temps, de films avec cette durée devenue inhabituelle, entre 60 et 75 minutes. Qu'est-ce qui vous attirait dans ce format ? Recherchiez-vous cette concision et s'est-elle imposée d'elle même ?
BB: Tous mes films durent entre 70 et 75 minutes. Il y a beaucoup de scénaristes qui travaille à partir d'une structure en 3 actes, ce qui est un peu comme une course d'un kilomètre. Moi, comme scénariste, je suis plutôt coureur de 400 mètres.
FdC : Quels sont vos cinéastes favoris ?
BB: Parmi les réalisateurs contemporains, la sensibilité de Hong Sang-Soo a quelque chose qui me parle, la façon dont il crée et capte ce ton particulier. Quentin Tarantino est très talentueux, comme scénariste ou réalisateur. J'ai vu tous ses films plusieurs fois et je suis très excité à l'avance de voir son nouveau film, ce qui est assez rare avec moi. Wong Kar Wai a eu un grand impact sur moi, même si c'est un peu moins le cas sur ce qu'il a fait plus récemment. Comme sur la majorité des réalisateurs que j'ai rencontrés, Godard et Truffaut ont eu une large influence. Pour moi, Pierrot le fou et Jules et Jim sont des exploits inatteignables.
FdC : Qu'est-ce que cela signifie, pour vous, d'être un cinéaste américain indépendant aujourd'hui ?
BB: Ce n'est qu'assez récemment que j'ai commencé à pouvoir montrer mes films dans des grands festivals internationaux, comme à Locarno ou Vienne. Ça m'a donné une perspective qui me manquait jusque-là. J'ai réalisé qu'il y avait un marché mondial pour le cinéma indépendant américain, et il offre parfois plus de possibilités. Par exemple, on est bien mieux traité à Paris qu'aux États-Unis en ce qui concerne la sortie de mon film. Les gens qui s'occupent du Cinéma du Panthéon nous donnent plus de temps que n'importe quel cinéma aux États-Unis. C'est encourageant, car parfois le paysage américain n'est pas engageant.
FdC : Quels sont vos projets ?
BB: Je suis en train d'écrire le scénario d'une comédie avec Alex Ross Perry qui doit être tournée à l'été 2013. Alex Ross et moi jouerons dans ce film aux côtés de Megan Mullally.
Entretien réalisé le 16 décembre 2012.
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La critique de Somebody Up There Likes Me