Entretien avec Axel Petersen
Jeune cinéaste suédois de 33 ans, Axel Petersen signe avec Avalon l'un des meilleurs premiers films de l'année. Primé à Toronto, Avalon raconte l'histoire d'un homme de 60 ans qui croit en sa seconde chance et décide d'ouvrir une boite de nuit. De l'anecdote découle un récit aux dimensions mythiques et à la structure très libre. Entretien avec le réalisateur !
FilmDeCulte : Qu’est-ce qui vous a donné envie, pour votre premier film, de raconter l’histoire de personnages qui ont presque deux fois votre âge ?
Axel Petersen: Parce qu'ils ont l'âge de mes parents, qu'ils sont de la génération de mes parents, et de leurs amis. Et je fais partie d'eux, que je le veuille ou non.
FdC : La structure de Avalon est très particulière. L’enchainement de scènes courtes, les ellipses, les digressions. Pouvez-vous nous parler du rythme que vous avez souhaité donner au film ?
AP: Le rythme du jazz ? Je n'ai pas de bonne réponse à cette question et je ne suis pas sûr de trop vouloir analyser cela. Peut-être que ce rythme est simplement dicté par la structure narrative ?
FdC : Avalon est-il un film sur la culpabilité ?
AP: Il y a des questions d'ordre moral qui sont posées, et certaines d'entre elles touchent au sentiment de culpabilité. Mais je ne dirais pas que c'est un film à propos de la culpabilité. C'est un film à propos d'une culture, d'un lieu et d'une génération.
FdC : Il y a une scène superbe, lors de l’ouverture de la boite, où vous filmez les visages fatigués de vos acteurs. On a l’impression que malgré la fête, les personnages sont trop vieux pour ces conneries. Était-ce pour vous une scène-clef ?
AP: Toutes les scènes sont des scènes-clefs, elles sont connectées. Mais j'aime particulièrement celle-ci, par ce qu'elle renvoie. Elle est directe tout en étant assez fragile.
FdC : Du titre du film au finale, il y a une dimension mythique dans Avalon. Êtes-vous d’accord et pouvez-vous nous en parler ?
AP: Merci ! C'est quelque chose que je n'ai pas beaucoup entendu. C'est exactement ce que je recherchais mais je n'étais pas sûr d'avoir réussi. C'est complètement mon truc: le côté bigger than life, les mythologies, les mythes modernes, tout ça. Je pense qu'une bonne partie de mon travail préparatoire va de ce côté-ci. Et ce qui en résulte, c'est définitivement une dimension épique, je dirais même d'aventure, qui transparait dans cette histoire.
FdC : Votre acteur principal, Johannes Brost, est extraordinaire. Comment s’est établie votre collaboration sur ce film ?
AP: On a flashé la première fois qu'on s'est rencontré. Il me rappelle beaucoup certains de mes amis les plus proches, le même tempérament, les mêmes centres d'intérêt, le même syndrôme de Peter Pan et de l'éternel jeune garçon. On a eu une bonne alchimie. On s'est très bien entendu, ce qui n'est pas inutile quand on veut faire quelque chose ensemble.
FdC : Quels sont les cinéastes que vous admirez ?
AP: Je n'ai pas de liste toute faite. J'aime beaucoup de choses très différentes, et c'est difficile de les résumer, comme de vous dire pourquoi j'aime Herzog, Cassavetes et Kitano plus que d'autres. Je crois que je les aime pour les sujets qu'ils abordent et la façon dont ils les traitent. J'aime aussi Jean-Pierre Melville et Claire Denis pour les mêmes raisons.
FdC : Quels sont vos projets ?
AP: Mon projet le plus excitant s'appelle Under the Pyramid. Je ne peux pas vous en dire trop pour le moment mais vous devriez pouvoir le voir en 2014.
Entretien réalisé le 27 novembre 2012. Merci Erika Wasserman.