Entretien avec Argyris Papadimitropoulos
Suntan raconte avec un mélange efficace de tendresse et de cruauté la dégringolade d'un jeune quadra qui s'entiche d'une jeune femme sur les plages hédonistes d'Antiparos. Le film sort en France ce mercredi 31 mai. Nous vous faisons les présentations avec son réalisateur, le Grec Argyris Papadimitropoulos...
Comment est né Suntan?
Pendant plusieurs semaines, je me suis rendu chaque été à Antiparos quand j'étais adolescent. J'ai toujours voulu faire un film là-bas et décrire ce lieu qui est tellement hédoniste et tolérant. Un endroit où les gens vont pour s'amuser. Sauf que ce n'est pas le cas de tout le monde...
Visuellement, Suntan est inondé de lumière, comme brûlé par le soleil. Mais derrière ce côté estival, il y a une amertume. Comment avez-vous envisagé l'atmosphère visuelle du film avec votre directeur de la photographie, Christos Karamanis?
Mon idée initiale était de créer une atmosphère très sombre à travers la lumière si forte de l'été grec. Un thriller ensoleillé. Tout le film parle de contraste, la lumière et l'obscurité, l'été et l'hiver, la jeunesse et la maturité etc... Avec Christos, nous avons décidé d'utiliser la lumière dure de la mer Egée pour suggérer ces ténèbres, travailler sur cette lumière qui rend les gens heureux afin de mieux raconter un sentiment de solitude et de mélancolie. Christos est un de mes meilleurs amis, comme un frère – et on a travaillé de cette manière. On était d'accord sur tout depuis le début, ce qui m'a rendu les choses beaucoup plus faciles car sur le tournage, je devais avant tout me concentrer sur mes acteurs.
Kostis, le héros du film, est pathétique, la fin a quelque chose de pervers, mais pourtant vous ne perdez jamais de vue l'humanité de votre personnage. Comment avez-vous abordé cela lors de l'écriture du film?
C'est la fin du film qui m'a décidé à écrire le script. Quand je pensais à cette fin, je me suis dit : « tu dois faire ce film ». Je n'écris pas vraiment de scénarios. Juste une description rapide de chaque scène à montrer à ceux qui pourraient financer le film, et des notes pour moi. Les dialogues sont le produit du travail réalisé en collaboration avec mes acteurs avant et pendant le tournage.
Vous avez parlé de votre admiration pour Michel Houellebecq. Vous inspire t-il en tant que cinéaste ? Vous a t-il inspiré sur Suntan?
Houellebecq est un de mes conteurs modernes préférés. Il est extrêmement tendre derrière une façade absolument cynique, et ça me fascine. Sa théorie sur les nouveaux moyens de discrimination entre les gens qui ont accès au plaisir et ceux qui n'y ont pas accès tel que cela est décrit dans Extension du domaine de la lutte a constitué une influence majeure pour moi. J'ai passé des heures dans le même café à Antiparos à regarder les gens qui circulent, en essayant de deviner de quel côté de l'usine à plaisir ils pouvaient se trouver.
Quels sont vos réalisateurs favoris?
Martin Scorsese, Martin Scorsese et Martin Scorsese.
Quels sont vos projets?
J'ai des tas d'idées en tête et dans l'immédiat, j'essaie de décider vers laquelle je vais aller. Au moment où cet entretien sera publié, de la fumée blanche sera sortie de ma tête.
Entretien réalisé le 17 décembre 2016.