Décès Jean Rollin: la réaction de Magalie Madison

L'inoubliable Annette, la binoclarde multicolore de la série Premiers baisers, a également été, dans un tout autre registre, une ogresse chez Jean Rollin. Dans La Fiancée de Dracula, Magalie Madison a pris un virage radical par rapport aux sucreries AB. Elle se confie à nous et se souvient du cinéaste, décédé ce mercredi.

FilmdeCulte: Vous avez tourné La Fiancée de Dracula avec Jean Rollin en 2002. Comment êtes-vous arrivée sur un tel projet ?

Magalie Madison: J’avais rencontré la scripte (Natalie Perrey) de Jean sur un court métrage et elle m’a dit : « je suis sûre que tu plairais à Jean, il prépare un film ça serait bien que tu le rencontres…». Alors on s’est rencontré chez lui où déjà règne une ambiance particulière. On a parlé de tout, très peu du film, et moi très peu de mon CV. Mais une jolie rencontre car à la fin, il m’a dit : « je ne sais pas encore quel rôle je pourrais te donner, mais ce qui est sûr c’est que tu seras dans mon film ». Et je suis devenue l’ogresse.

FdC: Connaissiez-vous le cinéaste ? Et lui, connaissait-il votre parcours ?

MM: Avant que Natalie me parle de lui, j’avoue que je ne le connaissais pas. Je me suis donc documentée, mais pas trop car je ne voulais pas avoir une idée toute faite. J’avais surtout envie de rencontrer l’homme. De moi il ne connaissait pas grand-chose, il a juste fait confiance à Natalie.

FdC: Pouvez-vous nous parler de ses méthodes de travail, de sa direction d’acteurs ?

MM: Je ne sais pas si je peux appeler ça « une méthode » en tout cas j’ai bien aimé sa façon de m’emmener dans son univers, avec peu d’indications de jeu, qui m’auraient semblées inutiles d’ailleurs car le scénario parlait de lui-même. Il me donnait surtout des indications de rythme. J’avais un sentiment de grande liberté dans les scènes. Mais avec le recul je me rends compte à quel point il avait déjà vu ce qu’il voulait de moi pour le personnage. En général, je ne me pose pas trop de questions quand je tourne, je fais confiance au réalisateur et je dirais que la confiance était réciproque.

FdC: Vous reste t-il un souvenir ou une anecdote particulière du tournage ?

MM: Un souvenir en particulier: on tournait sur une plage de Normandie en plein mois de novembre, l’eau était glacée et moi aussi !! J’étais vêtue d’une nuisette et je marchais dans l’eau, on venait de faire la scène déjà deux fois et Jean me dit « tu veux bien marcher plus lentement, faire comme s’il faisait chaud, on voit que tu n’es pas détendue… » On a tous éclaté de rire! Mais j’y suis arrivée !! On peut dire que sur ce film, le froid fut un élément très présent !!

FdC: Aviez-vous gardé contact avec lui ?

MM: Oui, on se voyait de temps en temps. Je devais d’ailleurs tourner dans son dernier film mais comme les dates de tournage ont été décalées, c'est devenu impossible car j’étais alors enceinte.

FdC: Depuis, on a pu vous apercevoir dans L’Un reste, l’autre part et Ensemble c’est tout. Avez-vous de nouveaux projets cinématographiques ?

MM: Oui, un long métrage en Suisse pour 2011. C'est un film de Patrick Claudet, une comédie, le rôle qu’il me propose est vraiment très chouette, encore un style dans lequel on ne m’a pas vue. Et le must pour moi: je participe à la BO du film. Chose qui me tient vraiment à cœur vu que je viens de sortir un album dont le titre est 23H23… (qui est téléchargeable sur toutes les plateformes légales), je vais donc pouvoir allier le chant et le jeu sur un même projet.

A Jean Rollin… Fasse que ta route vers les étoiles soit peuplée de personnages aussi incroyables et fantasmagoriques que ceux que tu as créés dans tes films. L’Ogresse en moi t’accompagne. (Magalie Madison)