Conférence de presse: Mère et fils, Ours d'or 2013

Conférence de presse: Mère et fils, Ours d'or 2013

Mère et fils a remporté l'Ours d'or à la Berlinale 2013 ! Ce très beau film raconte l'histoire d'une mère tentant à tout prix d'aider son fils qui risque la prison après avoir renversé un adolescent au volant de sa voiture. Mère et fils traite en filigrane de l'amour dévorant d'une mère pour son fils. Et consacre un jeune cinéaste, le Roumain Calin Peter Netzer. Netzer, accompagné de sa formidable actrice, Luminita Gheorghiu, et de son scénariste, Razvan Radulescu, ont répondu aux questions des journalistes lors de la conférence de presse de la Berlinale. Extraits.

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Sur le titre original, Child's Pose

Calin Peter Netzer: Il s’agit du nom d’une posture de yoga. Nous avons exclu une séquence où l’héroïne pratiquait le yoga. Mais nous avons quand même souhaité garder le titre, parce que le film parle des relations parents/enfants et aussi de manière plus générale du rôle de la victime.

Sur le rôle des femmes en Roumanie

CPN: C’est effectivement une expérience personnelle qui existe en Europe de l’est, dans les pays marqués par la culture latine : les parents sont possessifs et l’éducation y est très différente de ce qui existe en Allemagne.

Sur le rôle principal

Luminita Gheorghiu: J’ai adoré jouer cette femme. Je me suis sentie très proche d’elle. Ce personnage n’est pas un symbole de la Roumanie mais d’un schéma maternel universel. Les enfants veulent souvent être laissés tranquilles. Je connais plusieurs familles comme ça, y compris chez les gens aisés. Ce genre de phénomène existe partout, pas uniquement chez les défavorisés. Le film parle d’un amour inconditionnel qui ne reçoit rien en retour. L’enfant croit devoir faire tous les efforts, et les mères jouent les victimes de leur propre amour. Ce personnage de femme forte parle peut-être plus aux Roumaines car nous vivons dans une société où ce sont encore les femmes qui font tout, qui portent le fardeau de la naissance. Il faut toujours contrôler ce type de sentiments, je ne saurais pas dire moi-même si j’ai fait la même chose.

Razvan Radulescu: La force de cette femme est évidente, mais c’est la situation de son fils qui l’exige. C’est un personnage faible, il subit l’amour excessif et pathétique d’une mère prête à tout pour sauver son enfant.

Sur le minimalisme

CPN: Ce n’était pas difficile d’être minimaliste sur ce film. Le scénario l’était, mais je voulais l’incarner différemment. Je ne voulais pas faire de cadre statique et de plans longs. La caméra est tout le temps proche de l’actrice tout simplement parce que c’est un sujet qui me tient à cœur. Je voulais être objectif et j’ai toujours été impliqué lors du tournage, même lors du montage qui a duré deux mois. Nous avons d’ailleurs fait beaucoup de coupes. L’exercice sur ce film consistait à perdre le contrôle, ne pas être trop subjectif, ce qui n’était finalement pas si facile.

Sur le montage et le tournage

CPN: Nous avons cherché à couper autant de scènes que possible, toutes celles qui n’étaient pas indispensables. On travaillait avec deux caméras qui devaient bouger le plus possible. Mon assistant m’a d’ailleurs beaucoup aidé car nous avons travaillé dans des espaces très restreints. Il a donc fallu beaucoup travailler sur le son et la lumière. Nous tournions 13 à 14 heures par jour, cela créait beaucoup de fatigue et de tension.

LG: C’est vrai. Mais ces tensions sont nécessaires pour faire un film. Elles sont comme un feu à l’intérieur de nous et qui nous propulse. Et après le tournage, lorsque tout va mieux, on se souvient de cette énergie comme quelque chose de positif. J’ai beaucoup aimé ce rôle, et si nous ne nous sommes pas toujours amusés, cela n’est pas forcément contradictoire. Je vieillis, je travaille de plus en plus, je tente des nouvelles choses, des variantes, et je suis toujours en train de parler. Des fois, j’étais persuadée d’avoir raison, mais le réalisateur me disait le contraire. C’est vrai, l’acteur n’a pas toujours raison, et je veux continuer à travailler avec Calin Peter Netzer.

Propos recueillis le 11 février 2013

par Nicolas Bardot

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