DECES: Edward Yang, réalisateur de Yi Yi

En France, on ne connaît que son chef-d'oeuvre et dernier long métrage, Yi Yi, distingué par un prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2000. Fer de lance de la Nouvelle Vague taïwanaise aux côtés de Hou Hsiao-hsien et Tsai Ming-liang,
En France, on ne connaît que son chef-d'oeuvre et dernier long métrage, Yi Yi, distingué par un prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2000. Fer de lance de la Nouvelle Vague taïwanaise aux côtés de Hou Hsiao-hsien et Tsai Ming-liang, le cinéaste Edward Yang est décédé à l'âge de 59 ans, vendredi 28 juin à son domicile de Beverly Hills en Californie, des suites d'un cancer du colon. Né à Shanghai en 1947, Yang émigre deux ans plus tard avec sa famille à Taïwan au moment de l'exil forcé de Tchang Kaï-chek et de la défaite des nationalistes en Chine.
Avide de belles images et féru de bandes dessinées, Yang baigne depuis son enfance dans l'univers du manga. C'est d'ailleurs sa première vocation, il commence très tôt à dessiner. The Wind, long serpent de mer qui devait succéder à Yi Yi, n'était autre qu'un film d'animation. Mais c'est avec un diplôme d'ingénieur qu'il part apprendre l'information aux Etats-Unis. Pendant son séjour, il découvre Aguirre, la colère de Dieu. Le film de Werner Herzog lui donne goût à la mise en scène. De retour à Taiwan, Yang entreprend avec son ami Hou Hsiao-hsien de bousculer et de sortir le cinéma local de ses réflexes décrépits. Yang joue un petit rôle dans Un été chez grand-père (1984) réalisé par Hou. Hou s'essaie lui aussi à la comédie dans L'Histoire de Taipei (1985), le premier succès critique de Yang.
Portraitiste sensible, attaché aux remous de la famille, le cinéaste tresse avec talent plusieurs films chorale, parmi lesquels Yi Yi bien sûr, mais aussi Mahjong (avec Virginie Ledoyen qui lui avait été présenté par Olivier Assayas) et Confusion chez Confucius. Le douloureux A Brighter Summer Day révèle le jeune Chang Chen, futur acteur de Tigre et Dragon d'Ang Lee et de Happy Together de Wong Kar-wai. Au contraire de Hou Hsiao-hsien ou de Tsai Ming-liang, célébrés par les festivals du monde entier, le discret Edward Yang n'a eu droit qu'à une reconnaissance tardive. On espère que sa belle et méconnue filmographie fera bientôt l'objet d'une rétrospective.