Monsters, Inc.
Etats-Unis, 2001
De Peter Doctor, David Silverman, Lee Unkrich
Scénario : Pete Doctor, Ralph Eggleston, Jill Culton, Dan Gerson, Jeff Pidgeon
Avec les voix de : John Goodman, Billy Crystal, Mary Gibbs, Steve Buscemi, James Coburn, Jennifer Tilly, Bob Peterson
Musique : Randy Newman
Durée : 1h32
Sortie : 20/03/2002




A Monstropolis, dans la compagnie-titre, les différents monstres effectuent leur travail quotidien: effrayer tous les enfants du monde. Ils ne redoutent qu'une chose, les enfants eux-mêmes. C'est alors qu'une petite fille va accidentellement rejoindre leur univers et semer la panique...


ASSOCIATION DE MALFAITEURS

Les films du studio Pixar ont su à chaque reprise faire preuve d'une profonde sincérité et intégrité. Sans jamais céder à un calibrage trop flagrant, caractéristique des productions Disney, John Lasseter et sa bande ont su se renouveler sans cesse au fil des années. Si les deux Toy Story bénéficient des meilleurs scénarios, si Le Monde de Nemo est sans doute leur opus le plus émouvant, Pixar signe avec Monstres & Cie leur film le plus drôle. Généralement considéré comme le dessin animé le plus faible de la compagnie, ce long métrage traite plus ou moins des mêmes thèmes que les épisodes précédents, mais perd en profondeur ce qu'il gagne en gags. L'esprit si représentatif des œuvres du studio est encore là, mais on s'éloigne légèrement de l'intelligence comique de Toy Story ou 1001 Pattes Pourtant, encore une fois, la magie est au rendez-vous avec cet univers créé de toutes pièces par des animateurs plein de ressources. On découvre donc Monstropolis, une ville imaginaire dont l'énergie est alimentée par les cris d'enfants humains.


TOON POUR UN, UN POUR TOON

Placé sous le signe du cartoon, le film emprunte beaucoup d'éléments à ses illustres prédécesseurs. Entre les incessantes courses-poursuites et les multiples supplices infligés à Mike, on abandonne le comique de situation des précédents récits Pixar au profit d'une succession de gags visuels. De son générique en animation traditionnelle à son hommage direct à Chuck Jones par l'intermédiaire d'une séquence calquée sur un de ses dessins animés, Monstres & Cie honore ses ancêtres en grandes pompes et retourne ainsi à des émotions plus simples. Les trois protagonistes principaux en sont parfaitement représentatifs. Au centre, figure à nouveau un duo comique: Bob et Sulli - qui suivent les pas de Buzz et Woody, avant de laisser la place à Marin et Dory. Cette dynamique, directement inspirée du buddy movie, permet la naissance d'un climat dont l'humour se nourrit des différences entre les deux personnages. A leur côté, nous avons Bouh, petite fille incontrôlable opposée aux deux monstres. L'inquiétude de ces derniers contraste avec l'insouciance de la jeune peste. Il suffit de quelques scènes pour cerner le personnage, tout de suite attachant. Tantôt hilarant, tantôt attendrissant, Monstres & Cie évolue entre un humour burlesque, proche du slapstick (et donc un humour brut, du moment) et les coups de cœur immédiats pour l'adorable gamine.


BREAK ON THROUGH TO THE OTHER SIDE

Estimé souvent comme le Pixar le moins réussi, ce quatrième long métrage n'est pourtant pas dépourvu de mérite, comme en témoigne la conception d'un univers d'une richesse sans égal. Passé le point de départ, déjà brillant par son emploi d'une peur commune à tous les enfants, les scénaristes alimentent à chaque instant leur microcosme de nouvelles trouvailles. Les différentes créatures qui peuplent Monstropolis, leur mode de vie, leur quotidien, ou encore l'énergie provenant de cris d'enfants, puis des rires, l'usine et son fonctionnement, les portes, autant d'idées qui rendent ce monde toujours plus dense. L'exploitation du potentiel atteint son apogée lors du climax situé dans la partie de l'usine où s'effectue le routage des portes qui ouvrent sur les chambres de millions d'enfants, à travers le monde. Un final haletant qui pourrait aisément rivaliser avec bon nombre de blockbusters. Imaginée de bout en bout, contrairement à celle des jouets, des insectes ou du milieu sous-marin, la société des monstres se révèle être la plus originale des créations Pixar. Et si Monstres & Cie ne restera pas dans les annales comme la plus mémorable de leurs productions, le film demeure une comédie touchante incroyablement inventive.


Robert Hospyan