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Un remède est conçu permettant d’agir comme anticorps face au gène mutant et donc de "guérir" les mutants. A l’aube de cette découverte, un dernier combat oppose les X-Men et la Confrérie des Mutants.
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L’été 2006 est arrivé et de par le monde, un bon nombre de fans peuvent enfin souffler: le troisième épisode de la franchise X-Men est enfin sorti. Parce qu’il faut le rappeler, depuis maintenant près d’un an, inexistant aux yeux du grand public, un problème hantait les fans de la bande-dessinée originale |
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et surtout des deux premiers volets réalisés par Bryan Singer, parti dans le camp adverse (chez DC Comics) ressusciter un autre super-héros. Ce problème, il se nomme Brett Ratner. Avec une carrière pas honteuse mais tout simplement anodine, le metteur en scène était devenu un running gag au sein de la communauté geek. Après avoir transformé le Dragon Rouge de Thomas Harris en banal thriller, malgré une équipe d’acteurs et de techniciens hors pair, Ratner avait attaché son nom à celui de Superman, effrayant une pléthore d’aficionados, craignant pour le retour de leur messie à l’écran. Ainsi Ratner était-il catapulté ennemi public n°1, le nom sur toutes les langues dès qu’il s’agissait de trouver le pire choix possible pour |
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reprendre un projet abandonné par un autre réalisateur. Triste ironie du sort, dans le jeu des chaises musicales hollywoodiennes, Singer, échaudé par le traitement d’un exécutif des studios Fox, Tom Rothman, s’en est allé chez Warner s’occuper de Superman tandis que Ratner a récupéré sa place auprès des mutants. Nous, pauvres mortels, tremblions pour nos X-Men, l’une des deux sagas réussies par Marvel. Flash-forward: nous sommes en mai 2006 et X-Men 3 vient répondre à la question des fans. Qu’advient-il d’un film tiré d’X-Men dans les mains de Brett Ratner? La réponse est une autre question: que donne un tel film entre les mains d’un réalisateur qui n’a rien à dire? |
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Sous l’égide de Bryan Sin-ger, l’histoire des X-Men prenait tout son sens poli-tique, illustrant la discrimi-nation des humains vis-à-vis des mutants et la lutte de ces derniers, divisés en deux factions, les X-Men d’un côté et la Confrérie des Mutants de l’autre. A leurs têtes, on retrouve respecti- vement des figures rappelant Martin Luther King et Malcolm X. Le parallèle, établi dès le comic book initial, n’est plus à faire. Au sortir d’X-Men 3, il est évi-dent que Brett Ratner n’a aucunement l’intention de faire transparaître un quel- conque propos au travers de son film. Là où Singer mar-quait ses films de sa patte d’auteur, Ratner s’impose en faiseur sans |
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thématique ni esthétique particulière. A l’instar des mauvaises langues faisant état de paresse plutôt que de respect dans la démarche de Robert Rodriguez sur Sin City (traduire littéralement case par case la BD à l’écran), on pourra dé-battre longtemps sur ce qui a poussé Ratner à respecter autant le travail de Singer. En ce qui concerne la très grande majorité du film, le réalisateur s’efface derrière l’esthétique instaurée par son prédécesseur. Il s’efface également derrière l’œuvre des scénaristes (dont le premier jet date d'avant l'arrivée de Ratner), eux-mêmes s'effaçant plus ou moins derrière le travail établi dans le matériau originel. Effectivement, ce dernier opus est sans doute |
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celui qui puise le plus allégrement dans sa source. Qu’il s’agisse d’arcs scénaristiques connus (Dark Phoenix, le remède contre le gène mutant, la perte des pouvoirs de certains protagonistes) ou bien de clins d’œil (la Salle des Dangers, pour ne citer qu’ elle), tout provient de la BD. |
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Ainsi truffé d’un maximum d’infos et de cadeaux don-nés aux fans, X-Men 3 tente la double tâche de boucler toutes les pistes ouvertes par les précédents volumes et de glisser toutes les références manquantes. D’un point de vue narratif, |
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le film se situe quelque part entre les deux tomes. A l’image d’X-Men, il est relativement court et s'aventure sur quel-ques chemins qui auraient mérité d’être explorés plus avant, tout en laissant l'action guider l'histoire, comme le faisait X2. Le produit n’est évidemment pas exempt de défauts. N’ayant jamais su quoi faire de son personnage, la franchise victimise une fois de plus ce pauvre Cyclope qui aurait pourtant pu voir son rôle enfin exploité si le Phénix avait bénéficié d’un film à lui tout seul. X-Men – L’Affrontement final veut trop en faire en étant forcé dans sa place, limitée, de dernier épi-sode de la trilogie. La faute une fois de plus à |
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Tom Rothman, non content de chasser les talents de son studio (Stephen Norrington en a abandonné le cinéma, Alex Proyas refuse de tourner pour la Fox), il s’est présenté en ennemi de cette franchise dès ses débuts en 2000, lorsque le budget du premier film fut tranché et sa date de sortie avancée. C’est également lui qui, vexé par le départ de Singer (pourtant désireux de réaliser X-Men 3 après Superman Returns), a gardé la date de sortie initialement prévue malgré les désistements de réalisateurs attachés au projet, pour contrer le film de Singer. |
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Il va sans dire qu’avec plus de temps et de travail, X-Men 3 se serait avéré un meilleur film. Est-ce se contenter de peu que d'être satisfaits que le film ne soit pas la catastrophe annoncée? Non. Au-delà de l’indulgence se révèle une sincère appréciation du produit fini, à savoir un très bon blockbuster. Lorsque Ratner prend les rênes, le cas de figure n’a rien à voir avec Joel Schumacher succédant à Tim Burton, condamnant alors la série (et le genre en soi) à être presque irrémédiablement souillée. Peu d’exemples similaires viennent à l’esprit en comparaison. En espérant que les geeks saisiront l’analogie, on citera Jurassic Park 3 de Joe Johnston et Terminator 3, de Jonathan Mostow, deux suites dont les réalisateurs diffèrent de ceux ayant signé les deux |
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épisodes antérieurs. Sans tomber dans le divertis- sement décomplexé à la Johnston, Ratner n’apporte aucune valeur ajoutée, thématiquement parlant, à la franchise, contrairement à Mostow. Cependant, il a tout de même su, avec humilité, s’inscrire dans la lignée de Singer et livrer un bon produit, assez classe dans l'ensemble (comme en témoigne cette magnifique première scène) où seuls un certain recours à l'humour et quelques répliques convenues (typiques de ce genre de blockbuster calibré) dénotent par rapport à la sobriété de l’auteur de base. Loin d’être aussi émouvant que les épisodes fondateurs, X-Men – L’Affrontement final n’en est pas moins intense. On pourra y voir du sensationnalisme, il n’en est rien. Les événements "controversés" de l’histoire s’avèrent finalement logiques. Seuls les puristes sont inca- |
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pables d'accepter la moindre variation sur un personnage, sans essayer de comprendre la logique interne d'une trilogie cinématographique compa- rée à celle d'une série de bandes-dessinées étalée sur plusieurs centaines de numéros. Et c’est ainsi que la trilogie s’achève. X-Men est mort. Vive X-Men. |
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