Après avoir intégré le programme militaire "Weapon X" qui transforme les mutants en armes vivantes, Wolverine n'a de cesse de retrouver ceux qui ont tué son père et la femme qu'il a aimée.




En 2000, personne ne cro- yait en X-Men. Et personne ne croyait en Hugh Jack- man. Une fois le film de Bryan Singer sorti, et la va- gue d'adaptations de comics lancée, il était clair que Jac- kman deviendrait une star et s'il y avait bien un spin- off qui s'imposait, c'était Wolverine. Presque dix ans plus tard, c'est chose faite. Malheureusement, si l'act- eur est toujours à la hauteur
 
la qualité n'est plus au rendez-vous. Parcourue d'em- bûches, la production du film ne rassurait pas: scénario de David Benioff retouché par Skip Woods et d'autres, Tom Rothman, sinistre patron de la Fox, intervenant sur le tou- rnage pour brider Gavin Hood, etc. S'il arrive que certains films à problème s'en sortent au final, généralement ce genre de rumeurs s'avère ré- vélateur d'un futur film ban- cal. Et Wolverine est bancal. Qu'on l'aborde d'un point de vue de fan ou de simple spe- ctateur, ce qui fonctionne dans le film, même au-delà de l'adaptation, ce sont juste- ment les scènes qui retrans- crivent assez fidèlement les éléments tirés de l'univers X-Men. En réalité, il n'y avait pas de quoi s'étonner. Déjà en BD, les aventures solo du personnage n'étaient pas des plus glorieuses. Les mini-
 
séries les plus célèbres sont assez réussies (Wolverine par Claremont & Miller, Weapon X de Barry Windsor-Smith, Origin de Jenkins & Kubert) mais la série constitue par moments ce que l'on peut trouver de plus conventionnel en co- mics. Pas très intéressant. Malheureusement, le film est un mélange de tout ça. Il ne s'attarde pas sur ce qui aurait pu être le plus in- téressant dans le passé du personnage. Ce qui est tiré d'Origin, sur l'enfance de Logan, dure le temps d'une première séquence de cinq minutes. Les différentes gu- erres que traverse le prota- goniste ne sont exploitées que durant un générique de cinq minutes là aussi, classe néanmoins.



Trop de temps est consacré à ce qu'on a déjà vu dans les deux films de Singer (le passage Weapon X avec la greffe de l'adamantium, qui arrive en plus à présenter certaines incohérences avec ce qu'on avait vu en 2000 et 2003) et se concentre pour la grande partie de ses 1h45 sur une histoire de vengeance assez basique. Le problème, c'est que la ri- valité Logan / Victor Creed n'est pas suffisamment ex- plorée pour que cette quête ait suffisamment de poids. L'idée du scénario qui lie Logan, Creed et Stryker (et les autres mutants) dans le récit n'est pas forcément mauvaise: la manipulation de Wolverine par Stryker, tout ce qui a trait au côté "grande figure tragique" de Logan, mais cela reste som- me toute classique. En fait, c'est un film des années 80.
 
Le protagoniste (la muscu- lature sous marcel de Jack- man n'aurait pas dépareillé dans un Rambo ou un Com- mando), l'intrigue (la quête de vengeance assez linéaire), même l'action (peu d'esbrou- fe pour un film de super- héros) viennent tout droit d'une série B '80s. Ce qui fait du film un peu l'intrus au milieu d'un été gouverné par des grosses franchises SF (Star Trek, Terminator Renai- ssance, Transformers) et sur- tout, ça renvoie justement aux vieux numéros de Wol- verine (personnage créé en 1975 dans Hulk, enrôlé dans les X-Men, puis héros de sa propre série dans les années 80). Les scènes où Jackman est avec d'autres mutants (au début, avec un Deadpool très juste, dans l'équipe, puis au cours de sa quête avec John ou le Blob) transpirent la vieille BD (surtout la scène
 

avec Gambit en plein poker, lui aussi bien traité). C'est à la fois ce qui fait un peu l'originalité du film (simplici- té de l'ensemble) et sa limi- te (simplisme de l'ensem- ble). Le film comporte son lot de séquences et d'ima- ges iconiques mais le per- sonnage, toujours aussi fort, méritait un meilleur spin-off.