C'est à Londres, en 1888, dans le quartier malfamé de White Chapel, que commence la ballade sanglante de celui qu'on appelle Jack l'Eventreur, un assassin responsable des meurtres abominables de cinq prostituées et dont on ne connaîtra jamais l'identité. Un homme mystérieux qui a alimenté pendant plus d'un siècle l'imaginaire collectif et au sujet duquel les théories les plus folles ont été élaborées.



From Hell, adapté de la bande dessinée hautement récompensée d'Alan Moore, est un film singulier dans la carrière des frères Hughes. Réalisateurs de Menace II Society, les frangins sont plutôt portés sur les films mettant en scène des pro-tagonistes de couleur. Avec From Hell, ils passent avec succès dans un registre totalement différent. Le film tient la route et les Hughes confèrent au Londres de
 
cette fin de siècle une ambiance terrifiante. Ils usent d'effets efficaces tels des peintres et réussissent avec brio à nous plonger dans l'enfer londonien. Ainsi, ils arrivent au résultat tant espéré mais jamais atteint par un Pitof sur Vidocq. Si on ajoute à cela le souci du détail historique dans la reproduction des lieux du crime et des détails macabres, on obtient une parfaite authenticité. Cependant, si la mise en scène est efficace, il n'en est pas de même pour le scénario. Comment condenser en deux heures un pavé de plus de 300 pages? Comment réussir à synthétiser le travail de Moore? En survolant l'enquête. Par souci de respecter l’œuvre, les scénaristes ont laissé tous les éléments de la bande dessinée mais sans leur profondeur. Il y a tout dans le film, mais seulement en surf-
 
ace. Pourtant, From Hell livre une enquête terrifiante et les théories échafaudées par Moore (d'après des enquêtes policières effec- tuées il y a un siècle) valent largement le détour. Quant aux comédiens, Johnny Depp est, bien évidemment, efficace dans le rôle de l'enquêteur Abberline et son partenaire, Robbie Coltrane, tire une fois de plus son épingle du jeu dans un second rôle. Ian Holm est, comme de bien entendu, superbe alors qu'Heather Graham est loin d'être crédible dans le rôle de Mary Kelly. Sans être aussi abouti que la graphic novel dont il s'inspire, From Hell parvient tout de même à tenir en haleine le spectateur deux heures durant en lui proposant une théorie alléchante et horrible sur l'un des plus grands mystères du siècle dernier.