Révoltés de l'an 2000 (Les)
De Ibáñez Serrador Narciso
Éditeur : Wild Side Video
Zone 2
Nombre de disques : 2
Durée : 1h34
Sortie : 22/06/2008
Un couple anglais accoste dans une île paisible de la côte espagnole, pour les vacances. Très rapidement, ils s'inquiète de l'absence totale d'habitants, à l'exception de dizaines d'enfants au comportement bizarre.
Alors qu'un projet de remake est à l'étude, il est intéressant de revenir un moment sur ce classique fondateur du cinéma fantastique espagnol, à l'occasion de la très belle édition DVD de Wild Side Vidéo. En dépit de son titre français crétin, auquel on préfèrera largement l'original (Quién puede matar a un niño ?), Les Révoltés de l'an 2000 n'est en rien un quelconque film futuriste. Il s'agit au contraire d'une parabole sur les affres de la guerre telle qu'on l'a connue au XXème siècle et sur les pertes innombrables d’enfants qu’elle a engendrées. A ce titre, le générique qui ouvre le film est éloquent, tant il semble déconnecté du film et du genre, énumérant, images d’archive à l’appui, le nombre d’enfants tués lors des diverses grandes guerre (guerre 39-45, Guerre de Corée, Guerre du Vietnam, etc.). Un film bizarrement très humain, qui pousse un cri de rage au nom de ces nombreuses victimes. Le discours émanant du film en constitue ainsi la meilleure partie. Le côté "fantastique" est en revanche moins réussi : si la tension est bien présente, et la violence sans la moindre concession (on imagine mal comment on pourrait aujourd’hui remaker ce film sans l’édulcorer), l’histoire en elle-même pêche sans doute par son manque d’explications. Le mystère à un charme certain, mais il semble ici plutôt le fruit d’un manque d’idées. Il reste cependant un film assez unique, très violent, au final d’une noirceur quasi inédite.
Bonus
Si la sortie, dans une édition collector, de ce classique rare est un petit événement, les bonus proposés restent un brin décevants. Chacun y met du sien, et l'éditeur a malgré tout fait du bon travail, mais les intervenants ont parfois un peu de mal à être passionnants. A l'image par exemple du cinéaste, interrogé lors d'une interview assez fouillée, mais qui parvient à faire décrocher le spectateur en raison de son débit très lent. L'entretien, cependant, fourni quelques très bonnes anecdotes, notamment sur les différences entre le film et le livre (manifestement bien plus tourné vers le fantastique), et sur le choix du générique d'ouverture devenu culte.
L'interactivité du DVD est principalement focalisée sur Narciso Ibáñez, réalisateur de ce classique, et homme de télévision resté célèbre en Espagne au point de n'avoir tourné que deux films pour le cinéma en plus de quarante ans de carrière. Plusieurs cinéastes, dont Guillermo del Toro, Jaume Balaguero et Paco Plaza, reviennent sur l'impact que ce "Chicho" a pu avoir sur le cinéma fantastique espagnol, et sur leurs propres films. Les intervenants semblent sincères, mais leurs propos peinent souvent à retenir l'attention. On parvient néanmoins plutôt bien à mesurer l'importance que Narciso Ibáñez a pu avoir en Espagne, via ses deux films et ses émissions télévisées.
Le troisième module est pour sa part consacré justement au cinéma fantastique espagnol, avec notamment les participations d'Emmanuel Vincent (journaliste spécialisé dans le cinéma espagnol), Jess Franco... On entre ici dans le coeur du sujet : les intervenants reviennent sur les origines du fantastique, insistant sur l'importance de la religion, de la politique, des mentalités, etc. S'ils ne parviennent là encore pas toujours à maintenir l'attention, leurs propos restent pour la plupart passionnants car bien souvent inédits (le cinéma fantastique espagnol restant relativement discret en France, en dépit de succès récents pour REC ou L'Orphelinat).
Soyons honnêtes : malgré des défauts, il y a derrière ce DVD un vrai travail éditorial, et Wild Side confirme sa place prédominante (disputée avec Carlotta) dans le marché du DVD.