Virginie

Virginie
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En 2008, Virginie sort du coma et constate l'ampleur des dégâts causés par la répression des années 2000: arrestation des prostituées, abandon du désir, mise à l'écart des femmes... Dans l'ombre, la révolte gronde.

PORNO BRULOT

Allons droit au but, Virginie est bel et bien un film pornographique, avec ce que cela suppose de moyens financiers réduits et de figures imposées. Tourné en trois jours avec des acteurs professionnels du hard (donc au talent artistique que l'on pourrait supposer limité), le troisième opus de la trilogie de Martin Cognito se veut un brûlot qui fera parler de lui pour trois raisons. La première, la personnalité du réalisateur, dont on sait aujourd'hui qu'il s'agit manifestement d'une personnalité venue du cinéma traditionnel, qui tourne avec une cagoule dans le plus parfait incognito, répond par mail aux interviews, et refuse pour le moment de révéler son nom. Si l'on peut pencher pour Gaspar Noé ou Jean-Jacques Beineix (qui n'ont par ailleurs pas réellement démenti et se sont toujours montrés intéressés par l'univers du porno), impossible de retrouver dans ce film la patte de l'un de ces deux réalisateurs. De ce gadget (la personnalité secrète du metteur en scène) découle le principal intérêt du film: volontairement tourné dans les conditions d'un porno, le film ne cherche jamais à s'élever financièrement au dessus de ses concurrents. Le but: montrer que l'on peut faire du X intelligent sans y injecter forcément des sommes folles. C'est son ambition - en même temps que sa principale limite (l'aspect cheap est évident).

PORNO SOUCIEUX

Deuxième raison, le thème politique abordé, celui des lois Sarkozy. L'univers du porno se montre relativement soucieux de l'évolution des mœurs, comme en témoigne également le récent Une Nuit au bordel, dernier film de John B. Root produit par Marc Dorcel. A travers ces deux films, ce sont quatre géants du X qui abordent un thème similaire (B. Root, Dorcel, Cognito et Colmax qui le produit): dans un pays répressif, que peut-il advenir des notions de désir et de plaisir? Sans véritablement avancer de réponse, Martin Cognito prend ouvertement partie, et prend le risque de choquer en montrant de jeunes femmes marquées et numérotées au fer rouge. Troisième raison de parler de ce film: l'aspect extrêmement libertin des scènes hard. Alternant scènes hétérosexuelles, homosexuelles, et même sado-masochistes, le cinéaste déstabilise le spectateur, habitué au diptyque hétéro-lesbien. De plus, en filmant ces différentes scènes avec la même distance, sans privilégier aucune forme à une autre, Martin Cognito impose une sexualité ouverte, moderne, dans laquelle le tabou n'existe plus. Ultime coup de poing d'un film qui risque fort de surprendre le spectateur habitué du journal du hard (et de ce qui le suit).

par Anthony Sitruk

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Interactivité :

N'en déplaise aux mauvaises langues, il arrive que le cinéma pornographique propose des produits de grande qualité, y compris au niveau de la présentation. Saluons ainsi l'éditeur Colmax, qui a osé édité ce film dans un magnifique étui à la jaquette aussi sensuelle qu'attirante. A l'intérieur, c'est le bonheur.

Interview des actrices du film (qui pour une fois ne se contentent pas simplement de dire qu'elles font du X pour ensuite devenir star de la chanson!). Mélanie Coste, Laura Angel, Nolwenn, etc. parlent des conditions de travail sur le tournage, de leur enthousiasme à jouer dans un film sensiblement différent et bien plus professionnel que les nombreux produits masturbatoires auxquels elles ont pu participer.

Le making of revient sur les différentes étapes du tournage, ainsi que sur les méthodes et les choix de Martin Cognito. Bonne ambiance, travail soigné, préparation des éclairages et des décors, répétitions, et retour notamment sur la scène de performance, durant laquelle Laura Angel a failli tourner de l'œil. Avec le récent making of du Scandal de Fred Coppula, ce reportage représente un document essentiel pour qui souhaite comprendre le travail effectué sur un porno.

Louable intention de proposer la somptueuse BO du film composée par George Grosson (selon le cinéaste, c'est la partie la plus téléchargée du site officiel du film), ainsi qu'un court documentaire sur la conception de la jaquette du film. Enfin, les habituelles photos de tournage achèvent de faire de ce DVD une très heureuse surprise.

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