Trilogie amoureuse (La)
Les Enfants du Soleil: Ferdinand entre dans la compagnie du Théâtre du Soleil où il séduit Clémence, l'abandonne puis, la sachant avec un autre, dévoré de jalousie, repart à sa conquête. La Fête de l'amour: Ferdinand décide de s'engager avec Clémence mais le mariage institutionnel ne lui convient pas. Il veut jurer de respecter la liberté de Clémence et décide d'organiser une grande fête de l'amour à la Cartoucherie. Le Triomphe de la jalousie: Mais il est facile de jurer de respecter la liberté de l'autre que de le faire et ce troisième volet raconte la déchéance d'un homme jaloux, trompé puis quitté.
La Trilogie amoureuse est la deuxième partie du Roman d'un acteur que Caubère écrit, met en scène et joue depuis près de vingt ans. Long one man show autobiographique, il met en scène, seul, pendant un peu plus de deux heures, sans décor, tous les personnages de sa vie et en raconte tous les moments essentiels. Après Ariane ou l'âge d'or et Ariane II jour de colère, La Trilogie se penche sur la vie amoureuse de Ferdinand au sein de la compagnie. Homme orchestre, son énergie tonitruante fait exploser la scène lorsqu'il fait surgir les espaces, qu'il jongle avec les personnages, qu'il mime les machines. A la fois théâtre, autobiographie et roman, l'entreprise de Caubère est une transposition fascinante du genre autobiographique sur scène, où sa vie se transforme en spectacle. Mais dans ce travail d'édition, il façonne son mythe.
S'il fait une sorte de mea culpa contrit à propos de sa rupture avec Mnouchkine, il n'en explique pourtant rien. Il répond aux objections qu'il devine ou appréhende sur son travail mais tout en refusant les termes de théâtre filmé, il semble justifier la captation de ses spectacles par le terme un peu pompeux d'œuvre cinématographique... ce dont il nous est permis de douter. La Trilogie amoureuse offre la possibilité de saisir son travail d'acteur dans toute son amplitude mais n'est en rien une œuvre cinématographique, elle n'est que du théâtre filmé. Enfin, l'hystérie, la violence et la vulgarité de certains moments de ce spectacle, pourtant souvent émouvant ou drôle, le font sombrer dans le règlement de compte psychanalytique et la régression scatologique - on n'est pas très loin par instants de la finesse de Jean-Marie Bigard dans la scène de "La Barre à mines", par exemple, où Max raconte comment il bat sa femme - ce que Caubère justifie par une volonté de tout dire, de tout montrer, "la vie" quoi! Mais souvent complaisant, acide et vulgaire, le texte de Caubère finit par écraser les talents de l'acteur. Comme il l'a fait magnifiquement pour son spectacle Aragon, l'on se prend à rêver que le comédien se mette plus souvent à servir les textes des autres.
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Interactivité :
Cette édition construit l'œuvre de Caubère en offrant tout le travail de l'acteur dans son amplitude. Chaque face des trois DVD est gravée et chapitrée par scène. Dans les bonus, des textes de Caubère polémiquent. Quelques répétitions sont ajoutées qui n'apportent pas grand chose car elles ne montrent pas la préparation de la mise en scène mais juste l'acteur récitant son texte. De longues interviews filmées pour le DVD, chapitrées par thème en présence parfois de Clémence Massart, permettent à l'acteur d'expliquer son travail et de se justifier. On regrette qu'il n'y ait pas d'explications plus claires sur la chronologie un peu embrouillée de ce Roman d'un acteur, d'autres points de vue sur le travail de Caubère et plus de distance avec la polémique que nourrit l'acteur sur son travail. La présentation du DVD est un peu éparpillée, à l'image de son sujet.