Temps des gitans (Le)

Temps des gitans (Le)
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Enfant bâtard d'un soldat slovène et d'une Tzigane. Perhan vit dans un taudis de la banlieue de Skopje avec sa grand-mère maternelle Baba, guérisseuse, sa jeune soeur Danira infirme des jambes, son oncle Merdzan qui engrosse les filles, et un dindon qu'il a adopté. Perhan veut épouser Azra, son amour d'enfance, mais la mère de celle-ci, vraie harpie, le rejette comme un mauvais parti.

FILLE PERDUE, CHEVEUX GRAS

Le chef d’œuvre d’Emir Kusturica enfin en DVD! L’occasion de la ressortie du film en copies neuves au cinéma et surtout de la première représentation du spectacle inspiré du long métrage le 26 juin prochain à l’Opéra Bastille était trop belle. Le Temps des gitans résume la grande œuvre du réalisateur serbe en contant la tragique histoire d’un jeune Rom et de sa famille. Fils spirituel de Federico Fellini, Emir Kusturica donne dans la fresque baroque et poétique, magnifiquement mise en musique par Goran Bregovic. La première partie du film, située en Serbie au sein d’une communauté tzigane, est d’une beauté onirique à couper le souffle, une ode à un peuple séculaire et à ses traditions. L’auteur d’Underground filmait pour la première fois ce qui allait devenir son univers de cinéaste. Cette fraîcheur s’accompagnait alors d’un vrai souci de raconter une histoire, loin de la bouffonnerie survitaminée de ses dernières et toujours aussi réjouissantes productions.

VOLEUR DE POULES

Prix de la mise en scène du Festival de Cannes 1988, Le Temps des gitans est un malstrom d’images féeriques, chaque scène surenchérissant esthétiquement la précédente. Si la forme est extrêmement travaillée, le jeu des acteurs amateurs confère à l’histoire un très grand réalisme. Peu de réalisateurs ont osé mettre en scène la communauté rom, rejetée à la lisière du monde occidental dans des bidonvilles tenus par des mafieux. Emir Kusturica aura mis trois longues années à écrire et trouver le financement de ce film, malgré la Palme d’Or obtenue pour Papa est en voyage d’affaires. Tombé amoureux de la culture tzigane, il reprendra son folklore dans ses films suivants mais sans retrouver la magie tragique du Temps des gitans. Le rêve de Perhan se transforme vite en cauchemar et il devra tuer pour libérer sa sœur d’un trafic d’enfants de la rue. A l’image de la dernière séquence - un enfant qui vole une pièce d’or sur un cadavre -, Emir Kusturica hésite sans cesse entre rires et larmes pour signer un film d’un profond désespoir mais toujours traversé par un souffle de vie. Il était une fois un peuple.

par Yannick Vély

En savoir plus

Interactivité :

Le Temps des gitans d'Emir Kusturica méritait bien une édition 2 DVD d'une profondeur incroyable. Déjà un coup de chapeau doit être adressé à l'éditeur Carlotta Films. Le master est d'une qualité exceptionnelle et rend justice à la beauté des visions d'Emir Kusturica aussi bien en terme d'images que d'environnement sonore. La fameuse scène d'amour au bord de l'eau avec le chant Ederlezi prend une dimension mystique.

Autour du Temps des gitans (15’02)

Le premier bonus par ordre de présentation sur le DVD raconte la génèse du film. Riche en anecdotes, il permet de comprendre les motivations du cinéaste qui sortait alors de deux longs métrages très autobiographiques.

Le rêve gitan (20’48)

Peut-être le bonus le plus intéressant pour les amoureux de l'oeuvre d'Emir Kusturica. Ce dernier revient longuement sur son art de cinéaste et l'esprit de liberté qui le guidait à l'époque.

La musique comme art de vivre (20’10)

Une immersion dans la musique tzigane, son histoire et sa dimension identitaire.

L’errance et le rêve (13’43) Une analyse de trois séquences du film par le critique Jean–Max Méjean

Témoignage d’amitié (14’40)

Un entretien avec Serge Regourd, professeur de droit public, qui revient sur le parcours du cinéaste et prend position sur la polémique autour du film Underground, suspecté d'allégeance envers la politique de Slobodan Milošević.

Kusturica tourne Le Temps des gitans (6’27)

Un bonus un peu redondant par rapport à la plus longue interview déjà explicitée.

Kustuland (4’35)

Le fameux village construit par Emir Kusturica dans les collines de Serbie et qui sert de décor à ses deux derniers films, La Vie est un miracle et Promets-moi. Küstendorf est un lieu unique dans les Balkans, le bastion d'une vie post-hippie et culturelle.

Fin alternative (2’33)

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