Super Inframan
La planète est menacée par le réveil d’une étrange démone, prisonnière depuis plus de 10 millions d’années dans les entrailles de la Terre. Entourée de monstres maléfiques, elle s’apprête à conquérir le globe et à exterminer l’espèce humaine. Mais un groupe de scientifiques va s’opposer à eux en mettant au point une arme redoutable : le super héros Inframan !
HOMME OU ROBOT, IL CHANGE DE PEAU
Avouons que même un rien craignos, notre bon vieux X-Or n’était pas dénué d’une certaine classe, notamment en raison de son sympathique costume métallique de shérif, shérif de l’espace. Pour les nostalgiques des "envoyez les dans la zone négative" et autre "Je suis Nathalie et je suis poursuivie par un méchant", CTV a la bonne idée de sortir l’ancêtre du genre, réponse chinoise aux super héros japonais, le bien nommé Super Inframan, dans une jolie édition qui ne lui rend que trop service. Car Super Inframan, vous l’aurez compris, c’est le summum de la nullité filmique, l’incroyable mais vrai imprimé sur celluloïd, le mètre étalon d’un sous-genre – le tout agrémenté d’une poésie et d’un premier degré assumés. Au point qu’il n’est pas exclu d’y prendre un malin plaisir tant les acteurs semblent y croire, persuadés sans doute de nous livrer le chef d’œuvre implacable, le concurrent direct aux grands films de science-fiction des années 70. Super Inframan fait donc bien entendu partie de cette race de films dont la pleine démesure éclate lors d’une vision en groupe, aux côté de T’aime ou de Vercingetorix, de ces chefs d’œuvre inénarrables devant lesquels on prend un plaisir coupable à noter tous les défauts. Et de ce point de vue, le film repousse toutes les limites : pas un plan qui ne soit foireux (bonjour les faux raccords), pas un effet spécial qui ne soit bancal (les maquettes sont dramatiquement nulles), pas un costume qui ne plisse de partout (mention spéciale à celui du Perce-Montagne), pas une bagarre qui ne soit inférieure à celles de Bioman... Des dialogues ahurissants, des acteurs pétrifiants de nullité, rien, rien, rien à sauver. Ou au contraire, tout est bon, jouissif, littéralement à hurler de rire.
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Interactivité :
Edité dans un joli digipack, bénéficiant d’une copie remasterisée, Super Inframan échappe miraculeusement aux solderies. L’édition propose tout d’abord les deux bandes annonces du film. Celle d’époque, de près de quatre minutes (!) est un monument d’humour. La voix off, qui raconte le film du début à la fin, égrène les archétypes avec une bonne humeur convaincue. Il est intéressant de la comparer à la bande annonce moderne qui, par un jeu astucieux de montage, nous ferait presque croire à un bon film.
Le gros morceau de cette édition reste bien entendu l’entretien (de 17 minutes) avec Jean-François Rauger, programmateur de la Cinémathèque Française. Revenant sur l’ambiance des soirées bis de la Cinémathèque (tous les vendredi soir, à partir de 1992), il explique le concept de cinéma bis et d’exploitation, et s’attarde bien entendu sur Super Inframan. Réellement passionnant, Rauger parle de la mise en scène, de la poésie nanardesque du film, et le replace dans son contexte historique.