Pressentiment (Le)
Charles Benesteau, avocat au barreau de Paris, a rompu avec le milieu bourgeois auquel il appartient. Il a quitté femme, famille et amis pour aller vivre solitaire et anonyme parmi les "petites gens" d'un quartier populaire de Paris. Là, sa volonté d'être un autre homme, de s'extraire de l'histoire, de s'effacer pour devenir celui qu'il rêve d'être, se heurte à de nouvelles intrigues, à la suspicion et aux malentendus que provoque son dévouement désintéressé.
DES PROMESSES
Il arrive régulièrement qu’un comédien français y aille de sa réalisation. Il arrive moins régulièrement que l’accouchement donne naissance à du cinéma. Le Pressentiment s’installe entre les deux chaises et y reste un long métrage durant, promettant autant qu’il déçoit, alléchant autant qu’il laisse sur sa faim. Adaptation moderne d’un roman de 1935 signé Emmanuel Bove, le film balance en effet entre son ton très littéraire (voix off bavarde, dialogues très écrits, vague-à-l’âme digressif, truculence parfois forcée des personnages secondaires) et ses inattendues intuitions de mise en scène. En résulte un naturalisme faussé, se distinguant de la tentation téléfilmique (i.e.: naturalisme mou) par nuances subtiles et lents glissements. Porté par une étrange mélancolie, Le Pressentiment manque assurément d’ampleur mais, à force de décalages (longues virées à travers Paris, transparence nautique, etc.), déploie un magnétisme discret, qui emporte la curiosité et maintient en éveil. C’est ici une finesse de mixage, diluant une conversation mondaine dans une glu intellectuelle tiède, dérivant au fil de lents travellings ; là un cauchemar progressivement glaçant, basé sur un simple mais habile procédé d’élargissement de l’échelle des plans et d’altération de la lumière, rappelant dans le lointain les récentes expérimentations d’Alain Resnais sur ses si fascinants Cœurs… Dans ces recoins habités, on peut pressentir qu’un auteur sommeille. Gageons que son réveil sonnera bientôt.
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Interactivité :
Si l’image et le son sont correctement rendus (rien de folichon pour autant, entre les menus défauts de compression de l’image et l’absence de piste stéréo), Bac Vidéo s’est limité au minimum syndical côté bonus. Il faudra en effet se contenter de C’est trop con, premier film signé Darroussin. D’autant plus dommage que ce court métrage, réalisé en 1992, ne livre rien de bien fascinant. Basé sur un pitch-blague (un homme, persuadé que sa femme le trompe, décide de la faire souffrir en lui faisant croire que lui-même la trompe), C’est trop con déroule mollement son petit scénario boulevardier sans jamais passionner. Reste un intérêt historique, puisque l’équipe technique derrière ce premier fait d’arme se reformera pour les besoins du Pressentiment. L’espace restant sur le DVD est comblé par huit bandes-annonces, dont celle du film.