Miroir (Le)
Cinéaste réputé, Aliocha est à l'article de la mort. Sur son lit d'hôpital, il se rappelle des différents épisodes fantasmés ou vécus qui ont rythmé sa vie.
JE ME SOUVIENS
Récit autobiographique, Le Miroir est sans conteste le film le plus expérimental d'Andreï Tarkovski, un acte de foi absolu envers le cinéma, une oeuvre libre, complexe et poétique. Dans ce long métrage, le réalisateur russe essaie d'approcher la substance même des souvenirs, dans leur ambiguïté et leur confusion. Loin d'adopter une narration linéaire, l'auteur de Stalker privilégie l'aspect fragmenté de la mémoire, s'autorisant des digressions, fonctionnant par associations d'idées. Le résultat à l'écran est stupéfiant. Tarkovski mélange la petite individuelle et la grande histoire humaine dans un même flux d'images. La Guerre d'Espagne et la débâcle allemande jouxtent d'anodins jeux d'enfant. Tout commence par une étrange séance d'hypnose où l'on tente de guérir le bégaiement d'un jeune adolescent. Ce motif de la répétition est l'une des clés du Miroir, répétition des disputes, des visages, des moments d'inquiétudes. Le cinéaste agonisant est bien évidemment un double du réalisateur, son reflet déformé. Tarkovki évoque aussi bien son pays, la Russie (le film sera longtemps censuré par le régime communiste) que sa propre vie et l'amour absolu qu'il portait à sa mère. Cadres d'une beauté sidérante, travail insensé sur la lumière et la matière des songes, fluidité absolue des mouvements d'appareil comme lors du souvenir lié au travail de sa mère à l'imprimerie, sur le plan de la mise en scène, Le Miroir approche la perfection.
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Interactivité :
Le DVD proposé de MK2 bénéficie d'une copie d'excellente qualité qui rend justice au travail du réalisateur russe. Trois pistes sonores sont proposés: une version originale russe mono, une version originale russe 5.1 et une version française 5.1 pour les amoureux de la langue de Molière.
Pour les bonus, MK2 a été obligé de reprendre ceux proposés par la Russian Cinema Council mais, par chance, ceux-ci s'avèrent très intéressants. Les longues préfaces d'Alexandre Micharine, le co-scénariste du film et de Grigori Yavlinski, le leader du parti libéral-démocrate russe éclairent sur le contexte politique du Miroir, réalisé en 1974, en plein règne de Leonid Brejnev. "Souvenirs" permet d'observer le réalisateur au travail, dans un court making-of d'époque.
On retrouve également dans la section consacrée aux bonus des filmographies, les bandes annonces de la collection Andreï Tarkovski, un hommage en musique du compositeur fétiche du metteur en scène, Edouard Artemiev et une galerie photo, peu fournie hélas.