Miller’s Crossing

Miller’s Crossing
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Tom Reagan est un homme de main de la mafia irlandaise, il organise et contrôle l’ensemble des magouilles et trafics propre à la période de la prohibition. Il semble se mouvoir comme un requin dans l’eau, jusqu’au jour où son monde bascule quand il doit faire des choix personnels.

ROBERT JOHNSON’S CROSSROAD

Les frères Coen font partie des réalisateurs les plus singuliers des Etats-Unis. Appliqués à réinventer et exploser les codes des genres des films qu’ils tournent, ils excellent dans l’utilisation d’un humour décalé et noir, profond et irrésistible. Avec leur troisième film, Miller’s Crossing les frères scellent ce qui sera désormais une part de leur légende ; le mélange et l’hommage des genres. Ils livrent un film graphique (dont la sublime photo est signée du réalisateur de Men in Black, Barry Sonnenfeld), hommage aux films noirs des années 30, proche d’un Faucon Maltais, dont le scénario est vaguement inspiré de deux romans de Dashiell Hammett. Personnages innombrables et infréquentables, femmes fatales et vicieuses, intrigue tortueuse et manipulations contre doubles manipulations, Miller’s Crossing brasse l’ensemble des clichés propres aux films noirs (en français dans le texte) pour mieux les détourner de l’intérieur. Infiniment plus abouti que leurs deux précédents (quoi qu’excellents) opus, Miller’s Crossing demeure un des films les plus méconnu des deux cinéastes. Probablement à cause de son aspect plus hermétique que les autres. Ici l’humour noir est finalement limité à sa plus simple expression afin de laisser les grandes figures du banditisme à l’ancienne et en costards parler dans toute leur flamboyance.

ANOTHER TIME ANOTHER PLACE

L’esthétique visuelle ne fait pas tout. Le film se situe dans une Amérique d’avant-guerre, une société totalement à part dans le temps et l’espace, créant un univers particulier, une ambiance faite de personnages tous plus dingues les uns que les autres, de forêts sanctuaires ou de descentes de flics inopportunes, prohibition oblige. Evidemment, tous ces personnages se détestent cordialement et nombre de règlements de compte à la sulfateuse figurent au générique. Notamment une séquence magnifique, probablement la plus belle du film, où l'impassible parrain de la mafia irlandaise met en déroute de façon irréelle plusieurs tueurs d’un rival, sur fond d’air d’opéra Le grotesque est présent à chaque seconde dans chaque parcelle de la séquence. On retiendra aussi le lieu-titre, la forêt de Miller’s Crossing, sorte d'endroit de passage et de transition, à l'écart, presque spectral, aux immenses arbres désincarnés et aux images plates, presque embrumées, qui agit comme une sorte de purgatoire sur les personnages du film. Miller’s Crossing est une œuvre simplement magnifique, ornée d’une superbe musique, dans le parcours sans faute des frères Coen.

par Nicolas Plaire

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Interactivité :

L’interactivité demeure limitée même si tout a fait intéressante. Elle se compose d’une courte interview très instructive du réalisateur de La Famille Adams Barry Sonnenfeld (à l’époque directeur photo attitré des frères Coen) expliquant de façon très pédagogique ses différents choix artistiques pour la photo des trois films auxquels il a collaboré. Il présente aussi deux ou trois anecdotes sur le plateau, comme ce caméo inattendu d’Albert Finney déguisé en femme de chambre lors d’une des scènes.

Le reste est plus anecdotique avec de très courtes, mais récentes, interviews de Gabriel Byrne, Marcia Gay Harden et John Turturro, ainsi qu’un petite galerie de photo et les bandes annonces du film.

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