Meurtre dans un jardin anglais
Paysagiste réputé, le peintre Neville accepte un étrange contrat. En échange des faveurs de Madame Herbert, il devra composer douze peintures du domaine de son époux, parti à Southampton. Mais très vite, il réalise que sa présence n’est pas le bienvenue auprès de la cour qui gravite autour de la riche propriété.
IVRE DE FEMMES ET DE PEINTURE
Séduction, pouvoir, duplicité; l’art perçu comme un jeu de sexe et de mort. Pour son premier long métrage reconnu par la critique, le réalisateur anglais Peter Greenaway brassait déjà les thèmes d’une riche filmographie à venir. Thriller ludique et sophistiqué, brillant et surréaliste, Meurtre dans un jardin anglais annonce en effet Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant et The Pillow Book, les deux chefs–d’œuvres d’un cinéaste contemporain qui parie sur l’intelligence du spectateur. Peintre de formation, Peter Greenaway disserte sur le rôle de l’artiste. L’ironique et talentueux Neville se débat dans un monde d’apparence et de non-dits qui le paie, l’emploie mais qui n’est pas le sien. Neville ridiculise les nobles enfarinés, abuse sans vergogne d’une chair offerte sur un plateau. Sans se douter du piège qui se referme peu à peu sur lui, ni de la machination perverse et diabolique dont il est la victime. L’artiste n’est pas du sérail. Il vend bien plus qu’une toile au commanditaire: une partie de son âme.
LE BAISER DU SERPENT
Rythmé par la magnifique musique de Michael Nyman - qui deviendra le compositeur attitré de Peter Greenaway -, Meurtre dans un jardin anglais est un objet fascinant et déroutant. Chaque scène sollicite un effort interactif du spectateur et ne livre qu’une partie de sa vérité. Les douze toiles peintes par Neville sont autant de mystères qui cachent des éléments perturbateurs. Une échelle placée contre une façade, une chemise déchirée, un chien qui traverse une allée: les preuves d’un meurtre, d’une infidélité dont le sens échappe même à son créateur. Par sa mise en scène, Peter Greenaway rend hommage aux grands maîtres de la Renaissance, notamment à George de la Tour. Il compose des plans éclairés à la bougie d’une beauté insensée, rappelant la magnificence de Barry Lindon de Stanley Kubrick. Cultivé, l’auteur anglais convoque L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais pour le cadre des marivaudages et Blow Up de Michelangelo Antonioni pour la réflexion sur l’art. Il signe un jeu de piste obsédant, dont chaque vision donne une nouvelle grille de lecture.
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Interactivité :
Peu de bonus sur cette édition. Le spectateur devra se contenter d'une intéressante préface signée Thierry Jousse, de quelques bandes-annonces et d'une filmographie de Peter Greenaway. On aurait aimé un commentaire audio du réalisateur anglais.