Manson Family (The)
Libéré de l'asile où il croupissait depuis des années, Charles Manson devient le gourou d'une secte extrémiste, raciste, entièrement vouée à la drogue, au sexe, puis progressivement au meurtre dans une Amérique qu'ils jugent décadente.
MEET THE MANSON
Que dire de cette authentique œuvre de barge qu'est The Manson Family? Qu'il s'agit d'un trip hallucinatoire réalisé par un cinéaste sous la nette influence d'Oliver Stone? Que Jim Van Bebber va au-delà de toutes les horreurs jamais imprimées sur une pellicule parce qu'il assimile le meurtre graphique à une époque, à une Histoire, celle de l'Amérique des années 60, sans la moindre pudeur ni la moindre décence? A plusieurs moments, on a la nette impression d'être en face d'un Tueurs nés auquel il ne manquerait que le fric. Rappelons au passage que le tournage s'est étiré sur une durée de plus de quinze ans, faute de moyens financiers suffisants. Jim Van Bebber joue avec la pellicule, le son, avec les couleurs et le noir et blanc, mélange les genres dans un film qui alterne fausses images d'archive granuleuses et images filmiques. Une sorte d'immersion totale dans une époque aussi décadente que fascinante, restituée le plus fidèlement possible, de manière sensitive et non historique, à travers des orgies infernales mélangeant le sang et le sexe, des scènes de viol proches de l'insoutenable, une reconstitution de la crucifixion... Autant de détails putrides qui augmentent au fur et à mesure du déroulement du film son caractère indéniablement provoquant et glauquissime, au point que l'on n'a plus aucun doute sur la façon dont le cinéaste filmera le meurtre de Sharon Tate: frontalement, dans un final dérangeant montrant l'assassinat et la torture de l'actrice, par ailleurs femme de Polanski. Une œuvre incroyablement agressive, étrangement roublarde, sans doute pas totalement réussie, et dont la durée du tournage permit aux acteurs de jouer leur rôle à différents âges de leur vie. Quoiqu'il en soit, un film passionnant de bout en bout, qui monte crescendo vers l'horreur pure.
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Interactivité :
Si la sortie d'un tel ovni est bien entendu événementielle, et si la copie restitue fidèlement le granuleux de la pellicule, renforçant astucieusement le caractère glauque des images, la déception est grande de constater que pas un seul bonus ne vient s'ajouter au film. Une maigre bande-annonce, certes, mais pas le moindre petit documentaire sur le tournage, pas le moindre reportage sur la vie de Charles Manson, ni la moindre anecdote biographique. On aurait aimé un surplus d'informations pour compenser le côté volontairement fantasmatique du film. Dommage que l'édition ne soit pas comparable à celles de Maniac ou Zombie, du même éditeur.