Maniac

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La nuit, le maniac rôde, scalpant les prostituées, tuant les couples sur la plage, écumant New York à la recherche de nouvelles proies. La population est en panique, la police piétine. Mais Frank Zito n'est pas un tueur ordinaire. Blessé par la violence de sa mère et de ses amants, il souffre de solitude, perturbé par des souvenirs traumatisants. Un jour, il rencontre Anna.

LE FILM QUE VOUS NE VERREZ JAMAIS A LA TELEVISION

Pour le jeune spectateur du début des années 80, Maniac, c'est avant tout une affiche d'anthologie, mémorable, qui marque le souvenir et impose un titre sans la moindre difficulté. Nombreux sont ceux pour qui le film, interdit aux moins de 18 ans à l'époque, est resté un mythe inaccessible, le summum de l'horreur imprimé sur pellicule, sans même que l'on puisse vérifier si cette légende (renforcée par l'interdiction en salles durant une année) était vraie. Quelques années plus tard, lorsque la collection des films d'épouvante de René Château fait son apparition dans les vidéoclubs, ornée de l'incroyable slogan: "Les films que vous ne verrez jamais à la télévision", il faut se rendre à l'évidence: Maniac est pire que tout ce qu'il nous a été donné de voir sur un écran, et rejoint ces grands chefs d'œuvre de l'horreur que sont Zombie ou Massacre à la tronçonneuse. Maniac impose un personnage différent, humain, incarné par l'incroyable Joe Spinell, lui-même auteur de l'histoire et scénariste du film. Couvert de brûlures de cigarettes infligées par sa propre mère, le tueur vit seul au milieu d'un appartement rempli de mannequins en plastique, se parle à lui-même, et invite le spectateur à pénétrer sa conscience et son intimité. Jamais jusqu'à présent le cinéma fantastique n'était allé aussi loin dans la représentation psychologique du mal, dans le cerveau malade du tueur. Et il faudra attendre le glauque Henry, Portait of a serial killer pour retrouver une telle atmosphère et un tel point de vue.

MANIAC, PORTRAIT OF A SERIAL KILLER

Maniac partage avec le chef d'œuvre de McNaughton l'originalité de ne pas prendre partie, de se contenter de présenter dans une optique journalistique et un point de vue le plus neutre possible, les meurtres perpétués par un cerveau dérangé. Mais là où Henry propose un filmage proche du documentaire, William Lustig donne à son film les oripeaux d'un véritable film d'épouvante, scènes choc à la clé. C'est dans ce concept suicidaire que se situe le véritable malaise de Maniac, dans cette façon de montrer les meurtres les plus atroces (magnifiés par les effets spéciaux de maquillage hallucinants de Tom Savini), tout en décrivant les causes et les cheminements de la pensée qui ont pu amener à ces meurtres. En laissant ainsi le spectateur pénétrer dans l'envers du décor, le réalisateur des Maniac Cop donne une légitimité au calvaire du tueur, une explication psychanalytique, un visage humain. Les meurtres n'en sont ainsi que plus terrifiants, et il faudra des années avant d'oublier la magistrale et traumatisante poursuite dans le métro new-yorkais. Poursuite qui, par ailleurs, oriente le film du côté du thriller urbain plus proche d'un Assault, qui décrivait déjà l'aliénation mentale qui conduisait au recours à la violence, que de films d'horreur reproduisant généralement le schéma du tueur perdu en pleine campagne. Plus proche, plus dur, plus violent, et surtout plus explicite, ce Maniac, que l'éditeur Opening a l'excellente idée de proposer au public dans une excellente édition DVD. Le spectateur d'aujourd'hui ne mesure pas la chance qu'il a.

par Anthony Sitruk

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Après l'édition calamiteuse du similaire (image à gros grain, travail sur le son...) Massacre à la tronçonneuse voici deux ans, grande était l'inquiétude des fans à l'idée de voir leur film culte sortir dans une édition clean, à l'image trop propre, au son atténué. Grâce soit donc rendue à Opening, qui fait pleinement honneur à ce film en le restituant dans une copie impeccable au format 1.85, à l'image cradingue à souhaits, et agrémentée de nombreux suppléments passionnants et totalement inédits pour certains.

C'est notamment le cas de la terrifiante et inédite bande annonce du film fantôme Maniac 2, que Joe Spinell, décédé, n'aura jamais eu le temps de produire et d'interpréter. Réalisée afin de convaincre les distributeur du potentiel commercial d'une telle suite, elle retrouve sans peine l'ambiance glauque du premier opus et approfondit nettement la folie de son personnage principal notamment par rapport à sa bisexualité latente.

The Joe Spinell Story est une biographie passionnante de l'interprète et auteur du film, présentant l'acteur comme une personnalité incroyablement charismatique, aimée du tout Hollywood, généreuse avec les nouveaux venus (il a aidé Sylvester Stallone lorsque celui ci galérait encore), côtoyant les plus grands (Coppola, Robert Foster, Steven Spielberg - dans une scène hilarante montrant le jeune Spielby réconforté par son ami Joe suite à la non nomination des Dents de la mer aux Oscars). De nombreux témoins, pour certains oubliés aujourd'hui, ainsi que les participants du film Maniac, achèvent l'édifice en donnant des anecdotes sur le tournage du film. Ce documentaire est accompagné d'une interview radio de William Lustig, Caroline Munro et Joe Spinell, enregistrée lors de la sortie de Maniac, ainsi que d'une interview vidéo récente de l'actrice. Ces trois documents ont notamment l'intérêt amusant de proposer trois versions différentes de l'arrivée sur le tournage de l'actrice.

Maniac par Mad Movies: Histoire d'un film culte est un petit document intéressant et analytique proposant une interview de Damien Granger et Arnaud Bordas, respectivement rédacteur en chef et secrétaire de rédaction du magazine Mad Movies. Revenant sur la sortie française du film, sur son exploitation vidéo, sur ses enjeux, sur sa ressemblance avec Henry..., les deux intervenants font preuve d'une parfaite connaissance du film, et rivalisent d'analyses intéressantes.

Enfin, Histoire du film Maniac censuré est un court reportage sur la sortie houleuse et scandaleuse du film Maniac. Cible des organisations féministes de l'époque, le film fut retiré de certaines salles, et son affiche fut censurée.

Mais le gros morceau de ce DVD reste bien entendu le passionnant commentaire audio des créateurs du film. William Lustig revient sur le choix des acteurs, des décors, sur les difficultés de tournage (régulièrement parasité par l'arrivée de la police), sur les fondements du personnage de Frank Zito. De son côté, Tom Savini révèle certains de ses impressionnants trucages, notamment celui de la tête qui explose, effet similaire à un autre qu'il avait déjà expérimenté dans le Zombie de Romero.

Au final, ce DVD s'avère indispensable, et semble avoir été pensé par de véritables cinéphiles respectueux d'une œuvre ayant marqué l'inconscient collectif ainsi que son époque. Qui plus est, la parole est systématiquement donnée à ceux ayant connu le regretté Joe Spinell, et le DVD contenant les bonus se révèle autant être une document sur le film qu'un portrait à la mémoire de cet immense acteur.

LISTE DES BONUS

Commentaires audio de William Lustig, Tom Savini, Lorenzo Marinelli, Luke Walter The Joe Spinell Story Interview radio de William Lustig, Caroline Munro, Joe Spinell Interview de Caroline Munro Maniac par Mad Movies : Histoire d'un film culte Maniac 2, la bande promo Histoire du film Maniac censuré 7 films annonces Filmographies

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