Kansas City
1934 veille des élections municipales. Blondie O’Hara enlève Carolyn Stilton, la femme d’un des conseillers du président Roosevelt. Elle espère ainsi faire pression sur celui-ci afin de récupérer son mari Johnny retenu de force au Hey Hey Club par le patron de la pègre Seldom Seen pour avoir dérobé l’argent d’un de ses joueurs, Sheepsan Red.
JE TE L’EMBALLE DANS UN SAC OU UNE BOÎTE ?
Coincé entre Short Cuts et Gosford Park dans la filmographie du réalisateur, Kansas City est considéré comme un Altman mineur. C’est à la fin des années 80 que celui-ci songe pour la première fois à ce film qu’il destine dans un premier temps à la télévision. Les années 90 l’inspire et il décide de donner plusieurs intrigues à son projet telles la dépression des années 30, la pègre, le racisme et les relations inter-raciales, l’influence des films et des médias sur la vie américaine, la politique, et le Jazz dans la ville, cette ville : Kansas City. Robert Altman y est né, y a grandit et travaillé dans les années 50. Son film possède donc un scénario mélant les souvenirs personnels et offrant une reconstitution historique. Le propre fils du réalisateur étant le décorateur du film. En 1934 Robert Altman avait neuf ans. Il a connu les lieux qu’il décrit dans la film, il a marché dans ces rues. Il était comme le personnage de Blondie fasciné par le cinéma ou encore comme celui du jeune Charlie Parker découvrant le jazz dans cette ville où les concerts se concluaient avec le lever du soleil. Cette ville, carrefour stratégique situé entre New York et Los Angeles, lieu de passage obligé, de mouvement, de télescopage et de déraillement.
Fidèle à son habitude Altman livre un film à plusieurs facettes utilisant le Jazz en toile de fond pour rythmer le tout. En effet, son film est construit comme un morceau de Jazz. Une ligne mélodique de départ qui se poursuit en improvisation. Chaque personnage part d’un point précis auquel il va échapper au court du film pour y revenir, ayant eu droit à son solo en cours de route. Le film repose également en grande partie sur les duels qui le compose, que ceux soit les jazz sessions, Blondie et sa captive Candy ou encore Seldom Seen et Johnny. Le montage joue donc un rôle fondamental dans Kansas City tel que le montre la grandiose scène d’introduction. La musique est omniprésente afin de faire monter la pression d’une scène ou au contraire pour imposer une pause dans le déroulement de l’histoire. Une histoire servie par des acteurs de talent que ce soit Harry Belafonte, qui a commencé sa carrière comme chanteur de jazz, ou encore Jennifer Jason-Leigh et Miranda Richardson, toutes les deux en grande forme, sans oublier Steve Buscemi, dont le personnage n’apparaît malheureusement pas assez à l’écran. C’est peut-être le problème du film. Avoir donné la priorité à une histoire d’enlèvement entre ces deux femmes qui parlent l’un à côté de l’autre, au lieu de plus développer les histoires annexes? Mineur ou majeur, il serait dommage de bouder son plaisir car Kansas City reste un film à voir.
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Interactivité :
A IMAGES & SON Le DVD de Kansas City proposé par les éditions MK2 est de bonne qualité. Il comporte deux pistes son, à savoir la version originale anglaise soutitrée en français et la version française.
BONUS Vu le caractère autobiographique du film il aurait été intéressant d’avoir un commentaire audio ou tout du moins une interview du réalisateur Robert Altman. Tout comme il aurait été passionnant d’avoir un bonus consacré aux 21 musiciens exceptionnels réunis pour l’occasion et de revenir plus en détail sur l’importance du Jazz à cette époque.
PREFACE (3 minutes 39)
Luc Lagier situe Kansas City dans la biographie de son auteur et explique brièvement la philosophie cinématographique de Robert altman avant de revenir sur l’histoire du film. Il mentionne également le documentaire Jazz 34 que Robert Altman a tourné en parallèle et qui se consacre, comme son nom l’indique, au Jazz dans ce début des années trente.
GARE, TRAIN ET DERAILLEMENTS (16 minutes) Luc Lagier se consacre cette fois-ci aux thématiques du film et à la manière donc Robert Altman a construit, ou déconstruit, sa ligne narrative. Il parle du rôle des personnages, de celui de la musique dans le rythme du film. Une analyse si passionnante que les seize petites minutes qui lui sont consacrée sont bien trop vite écoulées. Bande-Annonce (1 minute 32)