Dictateur (Le)

Dictateur (Le)
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Un soldat juif de la Tomanie perd la mémoire suite à la guerre de 1918, perdue par son pays. Innocent mais surtout amnésique, il ne sait pas que son pays est maintenant dirigé par Hynkel, dictateur sans états d’âme et qui n’est autre que son sosie…

Longtemps réticent à la nouvelle technologie, Charlie Chaplin réalise là son premier film parlant et ce trois ans après la sortie des Temps modernes.Il fallait de l’audace pour se lancer dans la réalisation d’une caricature du nazisme et d’Hitler en personne. Et ce fût avec brio que Chaplin s’y attacha. Tout débute par la guerre de 14-18, durant laquelle Chaplin reprend pour la dernière fois son role de Charlot et nous joue, en quelques sorte, une suite de son chef d’œuvre Charlot soldat. C'est vingt ans plus tard que nous retrouvons notre 'héros', barbier et amnésique, confronté à la nouvelle autorité de son pays: une dictature antisémite dirigée par un mégalomane prêt à tout pour agrandir sa nation.

Chaplin joue ici les deux rôles principaux du film, et c'est avec une once de génie qu’il entre à tour de rôle dans la peau de Hynkel, dictateur hystérique et paranoïaque, et du barbier juif habitant le ghetto. Tantôt récitant des tirades incompréhensibles pleines de barbarisme rappelant les discours de Hitler, tantôt jouant les petits autistes amoureux d’une jeune femme du ghetto (Paulette Godard), Chaplin interprète de façon phénoménale deux personnages totalement différents quant à leurs caratères et à leurs modes de vie. Il donne ainsi une force au film que nul autre acteur n’aurait pu apporter. Chaplin, via l’œil du spectateur, arrive à jouer sur le parallèle existant entre les histoires des deux protagonistes pour finir par les entremêler et même inverser les rôles. Tout le génie de l’acteur est donc d’arriver à jouer l’un après l’autre ce dictateur égocentrique détenteur du pouvoir et le modeste barbier du ghetto, chacun des deux personnages prenant tour à tour le dessus sur l’autre.

Constamment satirique et burlesque mais néanmoins terrifiant (voir le premier discours de Hynkel, criant de vérité), ce film est avant tout une ôde à l’humanisme et à l’optimisme comme le montre le long (trop long?) exposé final. Chaplin use de toutes ses cartes, ironie et comique de situation avant tout, sans pour autant dénaturer l’horreur engendrée par les dictatures totalitaires. Le tournage de ce cri pour la paix et pour la liberté commença seulement huit jours avant la déclaration de la 2ème guerre mondiale. Lorsqu’il apprit ce qu’il s’était réellement passé, Chaplin regretta son film et dit qu’il ne l’aurait jamais fait s'il l’avait su. Chaplin étant le premier cinéaste à retranscrire à l’écran l’horeur du nazisme, cette œuvre majeure de sa filmographie est sans aucun doute l’un des films les plus marquants de l’histoire du cinéma. Considéré comme un des chefs d’œuvre du septième art, Le Dictateur est surtout un document nous présentant la vision américaine du danger nazi à la fin des années trente, avant même de savoir ce qui se passait réellement.

par Yannick Vély

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