Conte d’automne

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Isabelle va bientôt marier sa fille. Sa meilleure amie, Magalie, viticultrice, aimerait bien refaire sa vie. Rosine la petite amie de son fils décide de lui présenter son ex-amant alors qu’Isabelle passe par les petites annonces pour dénicher l’oiseau rare. Tout ce beau monde se retrouvera lors du mariage.

De nouveau une ville vide devant la caméra d’Eric Rohmer – dans Conte d’hiver les deux protagonistes se promenaient dans les rues vides de Nevers -, cette fois-ci c’est au cours du générique, la vie est vraisemblablement ailleurs… Dans le jardin d’Isabelle, où il est question de mariage. Les discussions vont d’ailleurs bon train dans le film, que ce soit dans les vignes entre Isabelle et Magalie ou encore entre Rosine et Etienne son ex-amant. Les personnages ne font pas grand chose à part discuter. Discussions placées sous le signe des relations mais pas de façon sensuelle chez Monsieur Rohmer, plutôt de façon intellectuelle et froide : "Je pars pour une durée indéterminée qui ne dépend que de toi". Le verbe vient de la tête et non du ventre. Pourtant elle est présente la passion, sous-jacente, mais en ce qui concerne Magalie elle est réservée à ses vignes. Isabelle se laisse également prendre au jeu de la séduction alors qu’elle questionne Gérard, le potentiel candidat pour Magalie, mais tout reste sous contrôle. Même la jeune Rosine est calculatrice et reste avec Léo pour conserver la relation particulière qu’elle entretient avec la maman de celui-ci. Les cogitations et autres dissertations font échos aux intrigues afin de tourver un fiancé à Magalie, la femme au bel automne de sa vie. Pour filmer au mieux cette intense activité cérébrale Eric Rohmer pose sa caméra devant les personnages, il les scrutent, cherchant à lire ce qui se passe derrière la façade de leurs yeux. Au cours de la longue scène de voiture entre Magalie et Gérad il filme ses acteurs en face, alors que pour les Conte d’hiver et Conte d’été les protagonistes sont filmés de derrière, car les personnages n’ont alors rien à cacher, aucune machination, ce qui est par contre exactement le sujet de Conte d’automne. En effet, Gérard et Magalie ne sont pas encore honnêtes avec leurs sentiments lors de cette discussion en roulant, et les mensonges affleurent au fil de la conversation, qui n’échappent pas à la caméra. Cette façon de tourner, impliquant de nombreux champs / contre champs à donc nécessité plus de montage qu’un film linéaire comme Conte d’été. Mise en scène parfaitement au service de l’intrique, elle aussi tortueuse.