Bostella (La)

L'un des films français les plus originaux et novateurs de l'année 2000 vient d'arriver en vidéo et DVD. Sous les dehors d'une simple comédie extrêmement nombriliste se cache en fait la parfaite réponse au dogme danois - toute proportion gardée, bien entendu. Aux contraintes énoncées par Lars et ses potes, Edouard Baer, le comique le plus déjanté de ces dernières années, oppose une grande liberté de mouvements, de paroles, ajoutée à un humour dévastateur d'où personne ne sort indemne, et surtout pas le cinéaste. Certains gags sont ainsi proprement irrésistibles, et les personnages sont pour la plupart à hurler de rire (mention à notre sympathique Chico, grâce à qui c'est constamment "totale éclate"; voir photo)

Edouard part à la campagne avec ses collègues de travail. Leur mission est de préparer leur émission de la rentrée, un gros truc commandé pour la tranche 19 - 20h, juste en face du Bigdil et de Loft Story donc.

Dès le début du film, le ton est différent de celui des dernières comédies visibles sur grand écran. Nous sommes bien devant un authentique ovni, filmé en caméra vidéo, à l'image terne et granuleuse, au montage serré et rapide, à l'interprétation hésitante. Edouard se retrouve confronté à l'angoisse de la page blanche, à la peur de ne plus faire rire. Cela le conduira aux pires bêtises, à renier ses meilleurs amis et collègues de travail, et à faire des animations dans des fêtes de village.

Alors, c'est vrai, Baer n'a pas de prétentions auteurisantes à l'image de Lars Von Trier, mais il serait dommage de bouder ce film qui constitue bien une sorte de pont vers ce cinéma soi disant si différent des produits de consommation courants. La Bostella ne serait-il pas une sorte d'Idiots français? Il reste en tout cas bien plus réussi que les segments français du dogme (Lovers et Too much flesh du pauvre Jean Marc Barr).

par Anthony Sitruk