Basket Case - Frères de sang

Basket Case - Frères de sang
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Duane s’installe dans un hôtel miteux de Brooklyn. Sous son bras, un panier en osier. Personne ne sait qu’il contient son frère siamois, séparé de Duane quelques années plus tôt, se nourrissant exclusivement de viande… humaine si possible!

WHAT’S IN THE BASKET ?

"Oserez-vous aller voir le film?" C’est sur ces mots, fortement attirants (surtout dans le cadre d’une époque où les films d’horreur rivalisaient d’inventivité et de violence), que s’articule l’argument publicitaire du film. Un slogan efficace, et finalement assez juste pour une œuvre malsaine qui repousse pour quelques années les frontières du mauvais goût. Un budget anémique de 33.000 dollars, une volonté commerciale évidente (l’appellation de film culte est ici clairement cherchée par les producteurs), le désir de choquer, des décors crasseux, etc. Basket Case s’impose comme le modèle du film d’horreur fauché, mal foutu, mais parvenant tout de même à enthousiasmer. Chef d’œuvre à l’image de Evil Dead ou Massacre à la tronçonneuse? Loin de là! Bien souvent mal cadré, joué n’importe comment par des acteurs proches de l’amateurisme, bénéficiant d’effets spéciaux catastrophiques (on a rarement vu créature aussi mal animée), Basket Case transcende ses défauts pour les élever au rang de projet de mise en scène. Et Frank Henenlotter d’imposer un film authentiquement barge, dans lequel chaque plan, chaque scène, chaque idée, a pour but de choquer ou d’écoeurer le spectateur. Rien que l’idée de base (un jeune homme trimballe dans un panier son frère siamois dégénéré) témoigne de la folie de son génial concepteur… Et la façon dont le monstre est décrit ("horrible, mais charmant") renforce le malaise provoqué par le film. Depuis Basket Case, auquel il a donné deux suites, Henenlotter a réalisé deux autres films malades: Elmer le remue-méninges (son chef d’œuvre), et Frankenhooker (littéralement "Frankenpute"). Depuis, il rame pour monter ses projets, malheureusement. En attendant son prochain film, oserez-vous acheter le DVD de Basket Case? A ce prix-là (14,99€) et vu les bonus, ça ne se refuse pas. Ce n’est pas tous les jours que sort un authentique film culte dans une édition blindée de bonus!

par Anthony Sitruk

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Interactivité :

Etonnant, vu le film et le prix du DVD, de se trouver face à un tel travail éditorial. Soit, le DVD de Basket Case ne révolutionnera pas l’industrie. Mais autant de bonus pour un film plus ou moins oublié du grand public, ça laisse rêveur. D’autant que ces bonus, tous sous-titrés, témoignent d’un véritable travail de recherche, et ne se contentent pas de laisser la parole à quelques intervenants actuels dont on se fiche.

On commence avec la pièce maîtresse, bien entendu le commentaire audio du réalisateur, du producteur et de l’actrice principale (Beverly Bonner). Un catalogue d’anecdotes, certes un peu bordélique, mais réjouissant. Les souvenirs affluent et les intervenants se perdent en détails amusants au fur et à mesure que le film avance. Si l’on peut regretter le manque d’informations techniques et artistiques sur les scènes qui se déroulent sous nos yeux, le tout se dévore d’une traite et les éclats de rire sont nombreux. Au passage, quelques allusions à Basket Case 2 sont faites.

Autre module intéressant, un "anti-documentaire" (selon les propres termes de Henelotter) tourné par le cinéaste en 2001, durant lequel il revient sur les traces de son film, visitant les lieux de tournage, retrouvant certains des acteurs… Un court métrage parfois émouvant (lorsqu’il apprend, par exemple, la mort cinq ans plus tôt de l’un des acteurs), parfois un peu lourdingue (la faute à l’espèce de mongole qui accompagne le cinéaste), et qui permet d’en savoir plus sur le film, et notamment sur l’hôtel Broslin. Voir Rugged-man agresser par interphone un type qui refuse de lui ouvrir la porte de l’hôtel demeure assez drôle. A noter une anecdote amusante: le Hellfire-Club, dans lequel une partie du film a été tournée, a aussi servi pour le film Cruising, de William Friedkin!

Qu’est devenue Beverly Bonner? Le DVD apporte la réponse: elle anime une émission comique sur une chaîne du câble. Si le module est intéressant et bien organisé, les gags proposés par l’animatrice laissent penser qu’elle restera à tout jamais sur cette obscure chaîne câblée!

Pour terminer, des archives de l’époque, qui constituent (avec le commentaire audio, bien entendu) le module le plus intéressant:

- Les scènes coupées: un montage de cinq minutes de plans plus ou moins drôles, mais qui restituent assez fidèlement l’ambiance qui régnait sur le tournage. Blagues, grimaces, clochards qui entrent dans le champ, etc.

- Les bandes-annonces: deux bandes-annonces et un spot TV… Ou comment transformer illico un petit film d’horreur en véritable objet de culte. En les voyant, on comprend mieux le succès du film, tant elles sont réussies.

- Les interviews radiophoniques de Terri Susan Smith: deux interviews de l’époque, dans lesquelles l’actrice (qui semble un rien stone) parle de la créature ("monstrueuse mais charmante"), et lance aux auditeurs le cri de guerre de la production, "venez voir le film, si vous osez".

Le tout est organisé dans des menus simples mais fortement agréables, et proposé dans une copie impeccable. Pour ce premier numéro d’une nouvelle collection (consacrée aux films "interdits"), c’est un véritable coup de maître!

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