Baron Vampire
Peter Kleist arrive en Autriche dans le château de sa famille avec pour secrète ambition de tester des parchemins conservés depuis des siècles, et destinés à ramener à la vie l’ancêtre de la famille, le Baron sanglant.
Mario Bava était jusqu’à présent scandaleusement absent de ce site – avouons que le maître italien est encore sans conteste méconnu et peu représenté dans le petit monde de l’édition DVD. Cet affront est désormais réparé grâce à la sortie récente d’une collection "Mario Bava" contenant notamment ce fameux Baron Vampire, certainement pas le meilleur film de son auteur (l’on préfèrera Le Masque du démon ou le méconnu Corps et le fouet), mais probablement l’un de ses plus accessibles car plus classique. Plus classique et accessible puisque, évitant soigneusement les images troublantes de son chef d’œuvre sadomasochiste, le film adopte le rythme d’un slasher à l’ancienne, proposant dans sa première demi-heure une série de meurtres plus inventifs les uns que les autres. Film au visuel plus abordable également puisque le baron du titre a les traits du fameux fantôme de l’opéra, personnage déjà bien connu des amateurs du fantastique. Ressuscité, décharné, le revenant arbore un physique de cadavre ambulant digne de la tradition craspec du cinéma italien d’épouvante, que ne renierait pas un certain Lucio Fulci, et entame dès sa résurrection un chemin jalonné de meurtres sanglants et effrayants. Car c’est bien là que le film se distingue d’une production bas de gamme, dans sa facilité à inquiéter un spectateur peu enclin à se laisser avoir par ce type de film, au budget limité, et au visuel parfois désuet. Avec Mario Bava à la barre, le dépaysement est total et chaque scène fait son petit effet au point de scotcher véritablement le spectateur à l’écran.
Malheureusement, le film n’atteint cependant jamais la perfection d’un Masque du démon, par exemple. Notamment à cause d’une mise en scène par trop visible, qui use et abuse des effets de zoom. Procédé à la mode à l’époque chez tous les cinéastes (de Lelouch à Kubrick), il perturbe ici le bon fonctionnement des scènes de suspense qui se trouvent ainsi sur-dramatisées par des zooms constants, heureusement contrebalancés par l’image somptueuse du film (constante chez Bava, qui occupe également le poste de directeur de la photographie). Un petit défaut qui s’ajoute à celui de l’interprétation parfois hésitante, mais qui n’entache en rien la réputation du cinéaste.
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Interactivité :
Dès le début du film, un carton prévient le spectateur: les bobines du film présenté sont relativement anciennes, ce qui justifie donc le côté légèrement terne des couleurs utilisées. Que l’éditeur (et l’acheteur) se rassure: la copie présentée reste très honnête et restitue plutôt bien les contrastes voulus par Bava. Seules quelques scènes restent relativement sombres, mais elles renforcent considérablement l’atmosphère d’un film fondé avant tout sur le hors-champ. Côté bonus, c’est le bonheur: chapitrage animé, filmographies, extraits des autres films de la collection Bava. Plus intéressante, une magnifique galerie des affiches du film, histoire de prouver qu’il fut un temps où le cinéma fantastique italien avait une imagination débordante et restait source des plus grands talents du genre. Plus ludique, la "panoplie du Baron en carte interactive", le genre de bonus que l’on ne s’attend pas à retrouver en complément d’un tel film. Et enfin, plus attrayant, un court-métrage de cinq minutes, Que faire quand tout est noir, de Guillaume Pin, achève de faire de cette édition un DVD essentiel.