Revenge

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Revenge
France, 2017
Durée : 1h48
Sortie : 07/02/2018
Note FilmDeCulte : ****--
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Trois riches chefs d’entreprise quarantenaires se retrouvent pour leur partie de chasse dans une zone désertique. Mais l’un d’eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy qui attise rapidement la convoitise des deux autres...

LES PREDATEURS

Les paresseux vont inévitablement comparer le film à Grave. Même premier long-métrage d’une réalisatrice qui ose le film de genre, même portrait de femme sur fond d’oppression. Mais Coralie Fargeat (lire notre entretien) se dispense totalement du vernis arty que Julia Ducournau avait utilisé pour passer son scénario à travers les tuyauteries du système. Le film de Fargeat est pleinement assumé comme une série B, avatar du sous-genre rape and revenge, qu’il cite jusque dans son titre.

Rentre-dedans, symboliquement lourd, le film a les qualités de ses défauts. Le début, certes séduisant par son énergie acérée et pop, fait craindre le pire. Les couleurs sont primaires, les caractérisations aussi. La bimbo américaine nommée Jennifer, le beau gosse à la mâchoire carrée qui s’appelle forcément Richard. On comprend que le second degré n’est pas loin, mais certains détails font tiquer : le léger accent de Kevin Janssens en anglais fleure bon l’amateurisme – est-on censés croire qu’il est américain ? Idem dans les situations : Richard est collègue avec deux français qui semblent sortis d’un Groland. L’ensemble paraît factice, peu crédible.

Mais on comprend peu à peu que le film opère dans un pur territoire de symboles. Ce désert, jamais nommé, pourrait être n’importe où. Mexique ? Espagne ? Maghreb ? Peu importe. La (quasi-)mort de Jen et sa résurrection font presque penser à du Conan le Barbare, allant jusqu’au bout d’une symbolique un peu facile, mais pleinement assumée, qui déroute et fait plaisir dans un cinéma français souvent timide et policé. Le second degré qui infuse progressivement (il y a de savoureuses scènes d’humour noir) se double d’une force primale : le film va constamment au plus simple, au plus direct, au plus jouissif. Evidemment, on ne peut nier que, réalisé par un homme, Revenge aurait fait moins de vagues. Mais c’est l’intelligence de Coralie Fargeat de savoir que son geste, aussi brut soit-il, est éminemment politique. Elle plante fièrement son drapeau sur une terre « où aucun homme n’est jamais allé ».

par Liam Engle

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