Les Hauts de Hurlevent

Les Hauts de Hurlevent
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Hauts de Hurlevent (Les)
Wuthering Heights
Royaume-Uni, 2010
De Andrea Arnold
Scénario : Andrea Arnold, Olivia Hetreed
Avec : James Howson
Photo : Robbie Ryan
Durée : 2h09
Sortie : 05/12/2012
Note FilmDeCulte : *****-
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Mr Earnshaw, propriétaire du domaine des Hauts de Hurlevent, élève ses deux enfants, Hindley et Cathy. Un jour, il recueille un jeune bohémien, Heathcliff...

LA BALADE SAUVAGE

Après deux films urbains et très contemporains (Red Road, Fish Tank), on n'imaginait pas forcément Andrea Arnold se lancer dans une adaptation d'un méga-classique littéraire, un exemplaire du Penguin Books à la main. Sa relecture des Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë prouve deux choses. D’abord, que son ambition artistique en tant que réalisatrice n’est pas simplement d’être la relève d’un certain cinéma social britannique dans lequel on l’aura peut-être un peu vite enfermée. Ensuite, qu’un projet aussi risqué en termes d’académisme peut aussi être le terrain d’une réelle singularité, une expression de son art encore plus originale que sur ses deux précédents longs métrages. Pari gagné.

De grands réalisateurs avant Arnold se sont cassés les dents en voulant adapter librement Les Hauts de Hurlevent. Citons le Français Jacques Rivette qui, avec Hurlevent, signe un de ses films les plus faibles, transposant l’action dans le sud de la France, avec Lucas Belvaux dans le rôle d’Heathcliff. Citons encore le Japonais Kiju Yoshida et son essai ultra-corseté (et pourtant sans corset) de 1988, se déroulant dans le Japon médiéval. Andrea Arnold est au plus près du roman (dont le film est une formidable adaptation) tout en prenant la distance nécessaire à l’interprétation. Celle du point de vue. Nul académisme dans cette adaptation, dans l’audacieuse structure narrative, les choix de montage, ce climat sensuel, abstrait, presque expérimental dans sa façon impressionniste d’accumuler les images. Arnold investit pourtant au mieux la fièvre du roman, son inquiétude, ses lisières fantastiques. Mieux que n’importe quelle adaptation à la lettre.

Pas un plan de ces Hauts de Hurlevent qui ne soit pas splendide, et ce n’est pas une façon de parler. Mais la beauté ici n’est pas un emballage. Il y a quelque chose d’oppressant dans cette nature vivante et omniprésente. Pas de jolies couronnes de fleurs pour rendre le film plus confortable. Les Hauts de Hurlevent évoque un mélange entre Bright Star de Jane Campion (pour son sens du sublime, par la façon dont il contourne le classicisme en costumes pour tendre vers une certaine modernité) et Hanezu de Naomi Kawase (pour sa sensualité, par son usage dramatique de la nature là où les relations humaines deviennent presque abstraites). On pense aussi à Red Road, bien que ces deux longs métrages semblent parfaitement opposés. Mais il y a dans les deux une même dureté, un anti-romantisme, une volonté de ne pas être dans la séduction. Red Road est un caillou dans la chaussure, Les Hauts de Hurlevent, malgré sa beauté plastique, n’est pas loin d’être la même chose. Jusqu’à, de temps à autre, installer une distance entre le spectateur et ce qui se déroule à l’écran. Mais l’expérience est puissante et vous pouvez être sûrs que vous n’avez jamais vu Les Hauts de Hurlevent comme ça.

par Nicolas Bardot

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