Les Animaux fantastiques
Fantastic Beasts and Where to Find Them
États-Unis, 2016
De David Yates
Avec : Colin Farrell, Dan Fogler, Ezra Miller, Eddie Redmayne
Photo : Philippe Rousselot
Musique : James Newton Howard
Durée : 2h13
Sortie : 16/11/2016
New York, 1926. Le monde des sorciers est en grand danger. Une force mystérieuse sème le chaos dans les rues de la ville : la communauté des sorciers risque désormais d'être à la merci des Fidèles de Salem, groupuscule fanatique des Non-Maj’ (version américaine du "Moldu") déterminé à les anéantir. Quant au redoutable sorcier Gellert Grindelwald, après avoir fait des ravages en Europe, il a disparu… et demeure introuvable. Ignorant tout de ce conflit qui couve, Norbert Dragonneau débarque à New York au terme d'un périple à travers le monde : il a répertorié un bestiaire extraordinaire de créatures fantastiques dont certaines sont dissimulées dans les recoins magiques de sa sacoche en cuir – en apparence – banale. Mais quand Jacob Kowalski, Non-Maj’ qui ne se doute de rien, libère accidentellement quelques créatures dans les rues de la ville, la catastrophe est imminente.
NO-MAJ
Dès la première séquence, assez gratuite, se fatigant à porn-détruire un décor qui pue le studio, on ne peut s'empêcher de penser "Mazette, tout cet argent au service du vide...". Et le reste du film ne fera que confirmer cette première impression. Cette deuxième franchise au sein d'une licence que l'on pensait close s'annonçait évidemment vénale mais l'opportunité présentée par le choix d'un nouveau décor (New York), d'une nouvelle époque (1926) et d'une nouvelle tranche d'âge pour les personnages principaux (adultes et non enfants) pouvait éveiller la curiosité. Malheureusement, on se retrouve face à une préquelle en mode more of the same dénué du (peu de) style dont David Yates faisait preuve sur ses précédentes incursions dans cet univers et surtout, ce dernier a presque tout perdu de son charme. Et ce, malgré le retour de Yates derrière la caméra et la présence de J.K. Rowling elle-même au scénario...mais peut-être est-ce justement le problème.
Le film tire son nom d'un manuel diégétique consacré aux animaux en question mais plutôt que de changer de genre pour cette nouvelle trilogie, étendue récemment à cinq films, et proposer, par exemple, un film d'aventures explorant des milieux moins urbains où le héros découvrirait les fameuses créatures, Rowling nous ressert le même genre de récit, avec Grindelwald, personnage mentionné dans les derniers volumes de la saga Harry Potter, à la place de Voldemort dans le rôle de la menace fantôme. Même les quelques pistes intéressantes que l'écrivain esquisse ne sont pas suffisamment approfondies, du moins dans ce premier épisode. L'auteure name-droppe Salem, évoquant autant la chasse aux sorcières originale que le McCarthysme, et il est furtivement question de peine de mort mais au-delà de ces détails au traitement relativement superficiels, Rowling ne fait pas grand chose de ce nouveau contexte. En traversant l'Atlantique, le monde magique demeure somme toute identique. À la différence qu'il s'est affadi.
En réalité, il apparaît assez évident que Rowling ne sait pas écrire un scénario. Le récit met littéralement une heure à démarrer, s'avère incroyablement bordélique, et consacre beaucoup trop de temps à une trame suivant les protagonistes essayer de capturer les animaux qui se sont échappés de la valise du héros - oui il y a un quiproquo/échange de valise à un moment - sans que cela ne présente le moindre intérêt ou utilité dans l'histoire. Les adaptations des livres étaient parfois maladroites dans les choix des coupes mais n'oubliaient jamais de raconter quelque chose et d'avoir des personnages attachants en plus de l'univers magique. Ici, l'univers commence à sentir le réchauffé, les personnages ne sont pas intéressants et le tout ne raconte pas grand chose. Et en réinvitant le même réalisateur que pour les quatre précédents chapitres, Les Animaux fantastiques est exempt de tout soupçon de fraîcheur.