Le Monde de Dory

Le Monde de Dory
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Monde de Dory (Le)
Finding Dory
États-Unis, 2016
De Andrew Stanton
Scénario : Andrew Stanton
Avec : Albert Brooks, Ellen DeGeneres
Photo : Jeremy Lasky
Musique : Thomas Newman
Durée : 1h35
Sortie : 22/06/2016
Note FilmDeCulte : ***---
  • Le Monde de Dory
  • Le Monde de Dory

Dory, le poisson bleu amnésique, retrouve ses amis Nemo et Marlin. Tous trois se lancent à la recherche du passé de Dory. Pourra-t-elle retrouver ses souvenirs ? Qui sont ses parents ? Et où a-t-elle bien pu apprendre à parler la langue des baleines ?

LA MÉCANIQUE DES FLUIDES

À une époque, la seule franchise de Pixar, c'était Toy Story. Parce que c'est Pixar même qui faisait office de licence, avec, à chaque fois, la garantie d'un certain standing, non seulement d'animation mais de cinéma tout court. Toutefois, si la patte générale était celle du studio, certains cinéastes ont su se démarquer particulièrement, comme Pete Docter ou Andrew Stanton. Alors que la marque perdait de sa superbe avec certaines erreurs de parcours, eux sont parvenus à maintenir le cap, avec Wall-E et Là-haut. Pendant longtemps, ce fut même les deux dernières grandes réussites de l'écurie. Docter est revenu l'an dernier avec un film original, sans doute le meilleur de Pixar. Stanton revient cette année...avec une suite à un de leurs chefs-d'oeuvre...mais pas avec le même succès. Dans Le Monde de Dory, on retrouve tout le savoir-faire de la boîte et le rythme propre aux films de Stanton mais si l'ensemble est amusant, il paraît somme toute assez anodin. À l'heure où les rivaux comme Dreamworks ont su affiner leurs propositions, ne comptant plus sur l'humour seul mais s'avérant aussi fort en émotion et parlant tout autant à l'inconscient collectif, il devient plus dur pour Pixar de se distinguer et leur dernier-né peine à dépareiller de la concurrence. Si ce n'était pour les personnages pré-existants, il aurait tout aussi bien pu s'agir d'un Dreamworks. Ou d'un Blue Sky.

Lorsque l'on demande à un metteur en scène s'il envisage de réaliser une suite à l'un de ses films, on l'entend souvent répondre du bon vieux "je ne le ferai que si je trouve une histoire qui justifie d'être racontée". Interrogé concernant une suite au Monde de Nemo, Stanton n'a pas dérogé à la règle. Quand je vois le film, on a vraiment envie de dire "c'était ça ton histoire, Andrew?". Le premier film est parfait du point de vue de l'écriture : deux protagonistes séparés l'un de l'autre, une quête personnelle se développant sur un canevas plus large pour chacun, le film d'aventures/road movie pour l'un et le film d'évasion pour l'autre, où l'objectif conscient (trouver Nemo) se double d'un objectif inconscient ("trouver" Nemo). Tout est dans le titre (original, évidemment). Si cette suite est beaucoup moins forte, c'est parce que l'objectif conscient paraît inatteignable (retrouver les parents de Dory) et que l'objectif inconscient...bah y en a pas. Personne n'apprend rien dans ce film, personne n'évolue, personne n'a d'arc. Bien entendu, ces conventions ne sont pas obligatoires mais si c'est pour se contenter de refaire peu ou prou la même chose sans l'incarner, le résultat est forcément moins parlant. Il n'est pas seulement question d'efficacité narrative mais d'affect.

L'action en soi paraît également moins riche car elle se limite à un décor unique et si Pixar est toujours aussi bon pour dessiner une galerie de personnages secondaires attachants, dont un poulpe qui vole toutes les scènes dans lesquelles il apparaît, et n'est jamais avare en gags, surtout quand il est question d'enfants, le récit se fait très mécanique, avec des flashbacks qui facilitent trop la quête en créant un systématisme à la Very Bad Trip mais sans le côté ludique dans le jeu de pistes. Il y a quelques pointes d'émotion - encore une fois, le savoir-faire est là - mais, comme le film ne raconte pas grand chose qu'il ne prend vraiment aucun risque, contrairement à un Vice Versa, c'est à l'instar du reste davantage un automatisme. Comme ce climax longuet et poussif de film d'action qui n'est plus, comme dans le premier, un écho aux leçons apprises par chacun au cours de l'aventure. Ne nions pas que le film est sympathique en tous points, régulièrement drôle et jamais ennuyant mais il apparaît tout de même évident que Le Monde de Dory n'a pas été fait parce que Stanton avait "trouvé une histoire qui justifiait d'être raconté". Il a été fait parce que Pixar est tombé dans les mêmes travers que tous les autres studios - parmi les quatre Pixar à venir, on compte trois suites - et parce que l'excursion hors-animation de Stanton (John Carter) s'est soldée par un échec.

par Robert Hospyan

Commentaires

Partenaires