Halal Police d'Etat

Halal Police d'Etat
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Halal Police d'Etat
France, 2011
De Rachid Dhibou
Scénario : Ramzy Bédia, Eric Judor
Avec : Ramzy Bédia, Eric Judor, Jean-Pierre Lazzerini
Photo : Pascal Gennesseaux
Durée : 1h38
Sortie : 16/02/2011
Note FilmDeCulte : ------
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Paris 2011, un serial killer sévit dans les épiceries de Barbès. Parmi les victimes, la femme d’un diplomate algérien. C’est assez pour que la Police Algérienne entre en jeu et mette à disposition de la Police Nationale Française le plus grand duo de flics d’Afrique du Nord… l’inspecteur Nerh-Nerh et Le Kabyle, deux blédards aux méthodes pas très… académiques.

LAHSHOUMA

Il y a un potentiel riche dans la confrontation des cultures et, disons-le franchement, dans l'humour raciste. Desproges l'avait très bien résumé, il y aura toujours des gens pour s'offusquer, néanmoins il ne faut pas craindre de donner dans la subversivité. Mais encore faut-il que l'écriture suive. Personne n'attend d'un film intitulé Halal Police d'Etat une quelconque pertinence dans le fond de son humour, non, on s'attend juste à rire. C'est quand même la moindre des choses. C'est même tout ce que l'on demande. N'en déplaise aux allumés de la presse qui y voient "un court-circuit salutaire et libérateur face à l'éternel retour du refoulé France profonde", se drapant de la même manière que les auteurs du film, dans un point de vue politiquement incorrect des plus artificiels. En effet, au vu de l'incommensurable facilité et indigence du scénario, vulgaire succession de saynètes sans queue ni tête, reliées ensemble par une sous-intrigue de serial killer (merci La Cité de la peur ou même Qui a tué Pamela Rose?), force est de constater que ces blagues racistes sont là juste pour la forme. Accumulant les vannes les plus convenues et éculées, ne faisant jamais l'effort de proposer des gags qui dépassent le niveau "les Chinois portent tous des chapeaux chinois, c'est bien connu" (accompagné de l'illustration visuelle consistant à faire porter un chapeau pointu à Eric), le film se complaît dans la fange de ses clichés. Les plus tolérants parleront d'auto-dérision. Les plus intelligents n'y verront que l'incroyable paresse de comiques que l'on a connu beaucoup plus inspirés. Comment Eric & Ramzy ont-ils pu, après des essais autrement plus originaux et réussis comme Steak et Seuls Two, régresser à ce point ? Dans un premier temps, déjà foncièrement pas drôle, l'humour se limite à faire porter une perruque et une fausse moustache à Ramzy tandis qu'Eric essaie de parler anglais, mais c'est au bout d'une dizaine de minutes, lors d'une scène dans un commissariat algérien, avec en guest star l'inénarrable Booder (aperçu dans Neuilly sa mère! et future star de Beur sur la ville, n'en jetez plus), qui confond l'absurde avec l'hystérie, que l'on se rend compte de la véritable nature de la bête. Ce film est un appel au dictionnaire de synonymes, parce que tous les qualificatifs habituels qui viennent à l'esprit pour ce genre de film honteux sonnent faibles. Navrant ? Affligeant ? Consternant ? Atterrant ? Il n'y a pas de mots. C'est le degré zéro de l'humour. Le principal ressort humoristique du film repose sur les accents des deux acteurs principaux. Ramzy parle avec un accent arabe et écorche la langue française (ce qui n'est plus drôle depuis que les Inconnus ont tué le truc il y a presque vingt ans) tout en glissant régulièrement une expression arabe (genre "wallah" ou "starfoulah"). Quant à Eric, lui a perdu son accent arabe depuis une rencontre avec des extra-terrestres (nous n'inventons rien), et donc écorche ces mêmes expressions arabes. Et le public-cible dans la salle de s'écrouler de rire dès que ces mots étaient prononcés à l'écran. On reconnaît d'ailleurs souvent les très mauvaises comédies à leur public de veaux qui se sentent obligés de répéter les derniers mots de la phrase supposée drôle qui vient d'être énoncée par l'acteur. "Hahaha, 'espèce de khmarr' !" Halal Police d'Etat est de ces films pour lesquels on a honte de faire partie de la même espèce que ces spectateurs. Ou ces critiques qui osent parler de "poésie". On en ressort énervé et attristé. Absolument incrédule.

par Robert Hospyan

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