Genpin
Japon, 2010
De Naomi Kawase
Scénario : Naomi Kawase
Durée : 1h32
Sortie : 07/11/2012
Une maternité au coeur de la forêt près d'Okazaki au Japon. Les femmes viennent là de tout le pays loin du tumulte et de la tension des villes modernes. Le Docteur Yoshimura âgé de 78 ans y pratique un accompagnement naturel à l'accouchement depuis des décennies. Autour de la question de la vie, un portrait en creux de la condition des femmes japonaises d'aujourd'hui se dessine.
BÉBÉ MODE D'EMPLOI
Projet poids plume réalisé avant Hanezu, sorti en début d'année en France, Genpin est un documentaire qui s'inscrit pleinement dans les thématiques du cinéma de Naomi Kawase (lire notre entretien ici). On naît beaucoup chez Kawase, du dénouement céleste de Shara au journal intime bouleversant de Naissance et maternité. On se questionne énormément sur le lien du sang, sur la famille. Lorsque la réalisatrice signe un court métrage pour l'anthologie qu'elle a initiée, 3.11 Sense of Home, et qu'elle souhaite parler du chez-soi dans son expression la plus intime, c'est avec des images de bébé rampant vers son aïeul. Genpin se déroule dans une maternité où l'on attend encore l'arrivée du poupon. C'est une maternité pas comme les autres, dont la figure de proue est un obstétricien qui accouche des femmes depuis des décennies de manière traditionnelle. Il y a quelque chose de très concret dans la façon dont le médecin traite ces femmes et leurs corps (des exercices de flexion aux scènes improbables où des femmes enceintes de 8 mois coupent du bois telles des bûcheronnes en pleine santé), et de très concret dans la façon qu'a Kawase de les regarder. Le film, par ailleurs, ne s'embarrasse pas d'une belle lumière comme sur les fictions de la réalisatrice, ici c'est image sombre et gros grain.
Mais il y a évidemment quelque chose de plus. Une future mère explique que ces méthodes permettent à son corps et son esprit de ne faire plus qu'un. Il y a chez Kawase cette idée d'équilibre entre les choses du corps et de l'esprit. Il y a une attention particulière au moment où l'esprit se détache, s'envole dans les bois, quitte un corps mort. On parle, comme il est dit dans Genpin, de quelque chose qui nous dépasse. Le documentaire s'ouvre par le docteur qui avoue volontiers que la médecine n'est pas la réponse à tout. Perd parfois la boule lorsqu'il évoque des femmes qui n'auraient pas assez prié, et les conséquences tragiques que cela pourrait entrainer. Kawase semble en retrait, mais elle est partout. Invite la fiction lorsqu'elle monte une voix-off sur des images illustrant les rapports difficiles du médecin et de sa fille. Lorsqu'elle filme l'accouchement comme une transe, la transe comme motif récurrent de son œuvre. Quand elle est nommée par le docteur, et remerciée. Projet modeste, mineur, parfois trop long, Genpin apporte sa petite pierre à l'œuvre hypersensible de la cinéaste japonaise.