Faussaires (Les)
Die Fälscher
Autriche, 2007
De Stefan Ruzowitzky
Avec : Marie Bäumer, Dolores Chaplin, August Diehl, Karl Markovics, Devid Striesow, August Zirner
Durée : 1h38
Sortie : 06/02/2008
Salomon Sorowitsch, maître faussaire, est arrêté en 1936 pour faux-monnayage et envoyé en camp de concentration. Cinq années plus tard, il est déporté vers Sachsenhausen où, avec d’autres artisans (imprimeurs, graphistes ou encore typographes), ils forment l’équipe de l’Opération Bernhard. Ils se retrouvent face à un ultimatum: soit ils aident les Allemands à fabriquer de la fausse monnaie et ils auront la vie sauve et des conditions de vie confortables, soit ils refusent ou sabotent les opérations et seront voués à une mort certaine. Le choix est à faire entre idéalisme et pragmatisme…
SYMPATHY FOR THE DEVIL
Le viennois Stephan Ruzowitzky (Anatomy) avait depuis longtemps envie de faire un film engagé contre le nazisme afin de témoigner de la situation en Autriche, où l’extrême droite est très présente. Ainsi, quand en l’espace de deux semaines il reçoit deux scénarios différents traitant du sujet, il se dit que c’est plus celui-ci qui l’a choisi que l’inverse. Le film est inspiré du roman The Devil’s Workshop, The Counterfeit Money Workshop of the Sachsenhausen Concentration Camp d’Adolf Burger. Celui-ci était l’imprimeur de l’équipe d’élite chargée de l’Opération Bernhard, qui avait pour but de créer une quantité de faux billets anglais et américains afin d’affaiblir les économies de ces deux pays. Entre 1942 et 1945, ce sont ainsi 134 millions de Livres Sterling qui ont été produites, soit trois fois plus que les réserves britanniques. 140 prisonniers ont participé à la production, qui était si parfaite qu’il était quasi impossible de différencier les vrais billets des faux. Un nouveau film sur les atrocités des camps de concentration mais d’un point de vue inédit. Celui d’une équipe qui a eu la chance de survivre à côté de l’enfer. De bénéficier de conditions de vie confortables en comparaison avec les autres prisonniers qui mourraient par poignées de l’autre côté de la cloison du baraquement.
Cette cloison, le réalisateur n’a pu l’éviter dans son film qu’il a voulu tourner de manière "excitante et divertissante" afin de toucher le public le plus large possible. En effet, il crée une distance entre le spectateur et les personnages et il est ainsi difficile de se sentir vraiment touché par ce qui se passe sur l’écran, même aux moments les plus tragiques. La réalité du camp de concentration est montrée en filigrane et reste secondaire en comparaison avec l’intrigue principale. Le film s’attache à Salomon Sorowitsch (Karl Markovics) de Monte-Carlo, au début et à la fin du métrage, au long flash-back que représente l’intrigue principale. Sorowitsch est un bon vivant sans état d’âme; ainsi il n’hésitera pas à entrer dans le jeu des nazis et sera en outre en mesure de peaufiner son art à la perfection. Il choisit de vivre et s’oppose en cela à l’idéalisme de Burger (August Diehl). Collaborer ou ne pas collaborer, difficile de répondre à une telle question dans l’absolu. Markovics est parfait dans le rôle de cet anti-héros alors que le jeu d’August Diehl gagnerait à plus de simplicité. La fin va sûrement plaire à un large public et résume parfaitement un film qui ne fait pas beaucoup dans le traitement du sujet choisi et revendiqué.