Captive

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Captive
Captured
Philippines, 2010
De Brillante Mendoza
Avec : Mercedes Cabral, Rustica Carpio, Isabelle Huppert
Photo : Odyssey Flores
Durée : 2h02
Sortie : 19/09/2012
Note FilmDeCulte : *****-
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Une missionnaire française se retrouve au cœur d’une prise d’otages de ressortissants étrangers, menée par le groupe Abu Sayyaf aux Philippines.

VIVRE !

Le Philippin Brillante Mendoza a réduit son rythme de stakhanoviste pour achever Captive. Lui qui avait tourné 5 films (John John, Tirador, Serbis, Lola et Kinatay) entre 2007 et 2009 a laissé s’écouler 3 ans avant que son nouveau long métrage ne soit visible. Malgré leur apparence de cinéma guérilla, les films de Mendoza sont, selon l’aveu du cinéaste, très méticuleusement préparés et répétés. Des films comme John John ou Serbis sont un bordel organisé, une chorégraphie du chaos, celui de la ville philippine qui grouille et vocifère. Qu’allait-il faire dans la jungle silencieuse de Captive ? Quelle place pour Isabelle Huppert dans la famille Mendoza, qui a souvent employé les mêmes visages pour ses rôles ? Quels nouveaux terrains à conquérir ?

Le cinéma de Brillante Mendoza est un cinéma de la survie, de la pulsion de vie, à l’image de Lola où deux frêles grands-mères déplacent des montagnes pour arriver à leurs fins. Le choix de raconter cette prise d’otages et la survie difficile dans la jungle semble aller de soi dans l’œuvre du cinéaste. L’argent est souvent au cœur de tout chez Mendoza ; à Manille la survie se paye. Dans Captive également, où les otages deviennent des rançons. Mais Mendoza filme surtout une survie élémentaire, avec ses personnages attaqués par des essaims géants ou des sangsues, dans une nature infestée de chauves-souris et de serpents. Et à côté des personnages qui courent, crient, tentent d’échapper aux balles, Mendoza s’arrête et filme un accouchement. C’est par ces contrastes que le Mendoza cinéaste nuance ses portraits humains et que le Mendoza journaliste capture des situations complexes. Le réalisateur avait déjà filmé la jungle avec The Teacher (Manoro), film de fiction qui a été pris par beaucoup pour un documentaire. Mendoza y désamorçait les effets dramatiques pour s’approcher au plus près d’un cinéma-vérité. Captive ne donne pas l’impression d’un doc mais cherche la même immersion, refuse de suivre un fil narratif classique, donne à vivre et ressentir plus encore qu’à regarder, qu’à suivre un déroulé de façon conventionnelle.

Le pari narratif était périlleux puisqu’en plus de ne pas jouer sur une dramatisation des événements, Captive suit d’abord un groupe avant de suivre des personnages. Pas de mélo déchirant aux figures fortes comme dans John John ou Lola. Le point de vue est d’abord flou mais s’ajuste peu à eu, à mesure que des otages quittent le camp et que la caméra se resserre, tel un nœud, sur tel ou tel personnage. Les qualités d’un film de groupe plus que les lourdeurs du film choral. Isabelle Huppert s’y glisse avec autant de facilité qu’elle s’est glissée chez Hong Sang-Soo et confirme qu’elle est l’une des actrices les plus versatiles du monde. Elle s’efface puis s’affirme dans le périple de Captive, dans cette jungle superbement filmée par l’Alexa utilisée entre autres sur des films tels que Melancholia ou Drive. Il y a encore une fois une grâce dans le chaos filmé par Mendoza, celle d’une rencontre mythologique en fin de film, celle de la lumière qui se reflète dans le piège d’une toile d’araignée. Alors que Captive donne d’abord l’impression d’être trop fragile, il ne fait finalement que confirmer l’ampleur du talent de son réalisateur.

par Nicolas Bardot

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