Pour lui (Arrêt en pleine voie)

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Pour lui (Arrêt en pleine voie)
Halt auf Freier Strecke
Allemagne, 2011
De Andreas Dresen
Scénario : Andreas Dresen, Cooky Ziesche
Avec : Milan Peschel
Photo : Michael Hammon
Durée : 1h50
Sortie : 04/04/2012
Note FilmDeCulte : *****-
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Le docteur a dit la vérité. Le temps est compté. Pourquoi moi et pourquoi maintenant? Un homme laisse derrière lui femme et enfants, parents, amis, voisins et maîtresse d’hier, tous ceux qui ont fait partie de sa vie. Chaque jour un petit adieu. Les mots de plus en plus rares, plus long dure le silence. Devant la fenêtre, l’an change de couleur. Mourir, un dernier travail...

LAST DAYS

FilmDeCulte ne manque jamais une occasion de rappeler que la cinématographie allemande contemporaine est l’une des plus stimulantes sur la carte européenne, et Thierry Frémaux lui-même, lors de la présentation du film à Cannes, n’a pas ménagé ses mots sur l’ « honneur » de recevoir l’Allemagne en compétition. Le réalisateur Andreas Dresen occupe une place particulière parmi ses compatriotes : plus âgé que la plupart des réalisateurs régulièrement remarqués en festivals ces dernières années, mais plus populaire en salle, il se retrouve plus ou moins malgré lui affublé d’une étiquette un peu réductrice de réalisateur « du milieu » alors qu’il combine efficacement la justesse scénaristique de ses pairs tout en rendant ses récits plus accessibles. Ce mélange se retrouve très bien illustré par Pour lui, chronique de la mort annoncée de son personnage principal, se découvrant atteint d’une tumeur inopérable. Face à un sujet potentiellement très chargé, le scénario de Dresen rassure déjà par tout ce qu’il évite : pas d’héroïsation du personnage principal transformé en martyre, pas de chantage émotionnel ni d’hyper réalisme violent.

Le film trouve sa singularité dans un mélange de ton subtil, passant de la brutalité (la saisissante scène d’ouverture) à la douceur et la légèreté, allant même jusqu’à quelques touches d’humour. C’est dans cette tranquillité apparente que Pour lui trouve son ton propre, porté par un excellent casting, composé de comédiens fétiches du cinéaste (le héros, déjà aperçu dans Grill Point, le couple de Septième ciel…). La direction d’acteur a d’ailleurs le très bon goût de ne pas faire jouer la maladie (fut-elle mentale ou en phase terminale) comme une folie (à ce niveau-là, c’est un peu l’anti Se souvenir des belles choses). Cet entre-deux se retrouve également dans la forme du film, qui vient mêler à son récit des prises de vues tournée par le personnage principal avec son iphone, donnant à l’ensemble un coté ready-made très familier. C’est paradoxalement ce refus permanent du sensationnalisme, cette familiarité de chaque scène, qui rend au final cette histoire de deuil extrêmement poignante, atteignant des pics d’émotions que le film faisait semblant de vouloir éviter, dans une ultime partie assez surprenante dans sa manière brutale de regarder son sujet finalement bien en face.

par Gregory Coutaut

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