La Femme du ferrailleur
Epizoda u zivotu beraca zeljeza
Bosnie-Herzégovine, 2013
De Danis Tanovic
Durée : 1h15
Sortie : 26/02/2014
Une famille de Roms vit en milieu rural en Bosnie-Herzegovine. Senda, la mère, se rend un jour à l'hôpital pour traiter ses violentes douleurs abdominales. On lui apprend que le bébé qu’elle porte est mort et qu’elle risque à son tour une septicémie. Mais la famille n'a pas l'argent suffisant pour s'offrir l'opération nécessaire. Une course contre la montre commence alors pour son mari qui va tout faire pour la sauver.
TELLEMENT VRAI
La Femme du ferrailleur est basé sur une histoire vraie. Mais attention, ça ne s’arrête pas là : les acteurs amateurs du film sont les vrais protagonistes de l’histoire en question, rejouant leur propres rôles devant la caméra. On avance donc en terrain presque miné : difficile de déterminer ce qui tient du film en lui-même (du travail artistique donc) et ce qui relève de la vraie vie (et qui a priori n’a rien à voir avec qui nous intéresse ici). Là où ça se complique encore plus c’est que Tanovic filme tout cela caméra à l’épaule avec le plus grand réalisme, sans ajouter de pathos ou de suspens à une histoire qui n’en a déjà pas besoin. Les intentions sont bonnes, tout comme celles qui pavent l’enfer. Cette sobriété parait d’abord être une bonne idée mais cache en fait un grand vide.
Le problème c’est tout simplement qu’il n’y a pas de cinéma dans ce film-là. Pas un seul plan ne vient traduire une idée de mise en scène, ne vient confirmer qu’il y a bien quelqu’un intéressé par le cinéma derrière la caméra. Voilà qui simplifie la question. Tanovic rapproche ce tournage de son expérience de reporter de guerre. Très bien, mais même sur le vif, un reportage demande également de la mise en scène et de l’écriture. La caméra à l’épaule a donné des chefs-d’œuvres de réalisme (quand il y avait un bon réalisateur derrière), mais c’est vraiment devenu l’excuse tarte à la crème et le cache misère idéal pour tous ceux qui n’ont aucune idée de mise en scène. Le film de Tanovic repose uniquement sur son histoire. Il assume d’ailleurs dans le dossier de presse avoir eu pour ambition majeure de la faire connaitre, comme s’il n’avait eu aucune vision pour transformer cette histoire en vrai film. La fiction transcende toujours le réel. Si l’on peut évidemment faire des films réalistes ou même de reconstitution, cela ne dispense en rien de travail artistique.
La Femme du ferrailleur pourrait se reposer sur son scénario (oui, transformer une histoire en scénario est déjà un travail artistique), mais celui-ci est purement fonctionnel : on n'a jamais l’impression d’être face à des personnages de cinéma. Pas de mise en scène, pas de scénario, pas de direction d’acteur… qu’est-ce qui reste ? Il reste au moins un film qui a le mérite d’être court et de ne pas filmer la misère de manière aussi putassière que certains. Mais peut-on aimer un film uniquement pour les défauts qu’il n’a pas ? Le long métrage satisfera peut-être ceux pour qui un film est avant tout une histoire. Ceux à la recherche de qualités cinématographiques feront chou blanc.