Hard Day
Kkeutkkaji Ganda
Corée du Sud, 2014
De Sung-Hoon Kim
Durée : 1h51
Sortie : 07/01/2015
De retour de l'enterrement de sa mère, Gun-su, détective à la police criminelle, tue un homme dans un accident de voiture. Pour se couvrir, il décide de cacher le corps dans le cercueil de sa mère. Lorsque l'affaire apparaît sur la base de données de la police, on nomme son partenaire pour mener l’enquête. Gun-su, sous pression voit l’enquête avancer au rythme des détails révélés de l’accident. Les choses vont empirer lorsqu’un témoin de l’accident va menacer Gun-su.
LA TOTALE
Étrange situation que celle du cinéma coréen en France, où dix ans après la découverte tonitruante d’un pays à la filmographie riche et passionnante, les sorties en salle semblent désormais réservées aux auteurs familiers, reléguant nombre de découvertes et de nouveaux talents aux festivals spécialisés ou aux bacs à dvds. Car non, le cinéma coréen est loin d’être moribond, et de nouveaux cinéastes singuliers continuent à émerger très régulièrement ; pour s’en rendre compte il faut cependant avoir la chance et l’occasion de fouiller au-delà de la stricte distribution hexagonale. Citons en vrac Kun-Jae Jang, Sang-Ho Yeon, Hee Il Leesong ou Yong-Seung Lee, des jeunes cinéastes aux films injustement inédits et aux univers très différents. Même le genre-roi (et déjà bien balisé) qu’est le « polar à vengeance » made in Korea possède son nouveau souffle, la preuve avec A Hard Day.
Le cadre est pourtant familier : une police corrompue jusqu’à la moelle (Vous surestimez la police coréenne » entend-on de la bouche d’un flic !), des rapports familiaux nerveux, une tension du quotidien qui menace d’exploser au moindre gain de sable… La noirceur des destins est pourtant ici mise à mal par une donne d’humour aussi inattendue que bienvenue. La dérision dingo de certaines scènes, l’ironie qui entoure ce protagoniste incapable de prendre une bonne décision et retombant pourtant toujours sur ses pattes, parvient à ne jamais glisser versla parodie facile. Elle crée au contraire une tension comique parallèle au suspens policier, rendant doublement jubilatoire cette fuite pour se débarrasser d’un cadavre encombrant. L’humour n’est pas ici une fin en soi mais un moyen de varier les registres et de faussement semer le spectateur, pour mieux le reprendre par surprise le temps par exemple d’une incroyable scène de casse de voiture ou d’une course poursuite dans un escalier, filmée entièrement en plongée. Dans un mélange de registres similaire, A Hard Day souffre peut-être de la comparaison avec l’inédit et pourtant génial Confession of Murder (récemment sorti en dvd), qui atteignait des sommets de virtuosité jubilatoire. A Hard Day a parfois du mal à maintenir son bel effet de surprise initial, et se fait un peu plus convenu dans sa deuxième partie en virant à la traque à l’homme. Mais ce que le film perd en twists et rebondissement, il le conserve aisément en termes de rythme et de fun.