You're Next
États-Unis, 2013
De Adam Wingard
Scénario : Simon Barrett
Avec : Sharni Vinson, Ti West
Durée : 1h36
Sortie : 04/09/2013
Une réunion de famille, celle des Davidson, tourne brusquement court lorsque leur demeure est prise d’assaut par un groupe de tueurs psychopathes en déguisement d’animaux. Un à un, les membres de la famille périssent dans des pièges sophistiqués, sous les coups de hache, de machette et autres tirs d’arbalète. La maison, recluse, n’offre aucun lieu de repli. Mais ni les tueurs ni leurs victimes n’avaient envisagé qu’Erin, sous ses airs d’innocente petite amie, avait l’instinct viscéral de rendre les coups…
SEULE CONTRE TOUS
Parmi le sous-genre qu’est le film de home-invasion, You’re Next ne joue pas vraiment la carte de l’originalité, et reste assez prévisible du début à la fin. Le cadre est classique : on est dans une maison (quasi) isolée, dans les bois bien entendu, dans une famille très aisée, avec quatre grands enfants dont les "pièces rapportées" essaient tant bien que mal de faire bonne figure au milieu des angoisses et des tensions palpables qui planent au-dessus de cette petite réunion qui se voudrait chaleureuse. Les personnages et leurs relations sont brossés à grands traits ; et ce n’est pas ici qu’on trouvera de complexité psychologique particulière ou d’angoisse métaphysique. Même le principe, assez plaisant, des attaquants portant des masques d’animaux, par là-même parfaitement menaçants puisque terriblement anonymes, n’est pas exploité autant qu’on aurait pu l’attendre. You’re Next enchaîne les scènes (et les morts) avec un rythme effréné, et lorsque l’action et le gore sont sur le point de friser le grotesque, le film se rattrape aux branches en basculant sur une tonalité humoristique, qui, si elle permet de se mettre une grosse majorité du public dans la poche, fait aussi paradoxalement perdre l’intérêt et la force de ce qui venait d’être construit. En un mot ? Un peu facile.
Malgré ce défaut un peu agaçant à la longue, ce serait néanmoins dommage de bouder son plaisir de spectateur, car le plaisir est vraiment là. Et si les péripéties sont prévisibles, le personnage d’Erin, bien que simple substitution de la figure classique du héros de slasher, généralement particulièrement courageux et plein de ressources, est assez réussi dans son jusqu’auboutisme, malgré une justification narrative superflue (mais c’est une fille, il faut bien expliquer pourquoi elle est forte et maligne, non ?). Tout le scénario est fait pour que la totalité des spectateurs soit avec elle et derrière elle, et c’est peu de dire que cela fonctionne. Le film donne à son public tout ce qu’il pourrait souhaiter et fantasmer, en particulier à travers les différentes mises à mort qui rivalisent d’ingéniosité ; le résultat est indéniablement jubilatoire. Même si on pourra regretter que le film se cache, par peur du ridicule, derrière un humour et un second degré extra-diégétiques un peu trop convenus, il faut reconnaître qu’il y a là une certaine générosité dans cette ambition de faire que tout le public s’amuse bien.