Workers
Mexique, 2013
De José Luis Valle
Scénario : José Luis Valle
Durée : 2h00
Sortie : 30/10/2013
Rafael est balayeur depuis trente ans dans la même fabrique d’ampoules électriques. A la veille de prendre sa retraite, il s’achète une nouvelle paire de chaussure pour l’occasion. Mais son patron lui joue un sale tour, bien qu’il fut toujours un employé de confiance: comme il est immigrant non déclaré, il n’aura droit à aucune pension... Lidia fait partie des sept employés qui entourent et soignent une vieille Mexicaine fortunée qui n’a d’yeux que pour son chien à qui elle lègue toute sa fortune à sa mort. Pour Lidia, en fait, rien ne change vraiment, au début. Mais petit à petit elle réfléchit à ce qu’avoir un chien pour patron peut bien vouloir dire...
TRAVAILLER FATIGUE
José Luis Valle sait filmer, c'est sûr. Workers, avec son pitch de film social à antihéros qui veut s'acheter une paire de chaussures (vous en rêvez déjà), aurait pu ressembler à 36 exemples du genre où l'ambition de mise en scène est mise de côté. La réalisation de Workers est ample, le cadre soigné, comme lors du long, lent et majestueux plan séquence qui ouvre le film. L'une des scènes marquantes de Workers est un plan fixe assez superbe dans une rue éclairée par quelques néons multicolores tandis que le soleil se couche. C'est aussi un plan hors du récit dont on peine un peu à comprendre le sens, mais la mise en scène de Valle n'est pas masturbatoire pour autant. Elle installe un humour jaune, à froid, autour d'un personnage lunaire perdu dans une situation d'une terrible banalité ou, à l'inverse, une femme très pragmatique qui se heurte à un quotidien totalement absurde.
Valle parvient plutôt à zigzaguer entre les lourdeurs redoutées du film sur les inégalités sociales. Elles sont terribles dans Workers, glaçantes (un immigré tourmenté par son patron) ou ridicules (une domestique au service d'une vieillarde mourante et richissime qui n'a d'yeux que pour son chien). Mais le récit peine à tenir sur la longueur: 2 heures, c'est très certainement trop pour ce premier film. Le poids des minutes finit par écraser le long métrage, lui donnant une pesanteur que Valle cherche à éviter par le minimalisme de sa dramaturgie. Dommage, mais l’œil du réalisateur ainsi que son goût pour le non-dit (le lien entre les deux personnages principaux, le dernier plan) en font un nom à suivre.