Winter's Bone
États-Unis, 2010
De Debra Granik
Scénario : Debra Granik, Anne Rosellini
Avec : Jennifer Lawrence
Photo : Michael McDonough
Musique : Dickon Hinchliffe
Durée : 1h40
Sortie : 02/03/2011
Ree Dolly a 17 ans. Elle vit seule dans la forêt des Ozarks avec son frère et sa soeur dont elle s'occupe. Quand son père sort de prison et disparaît sans laisser de traces, elle n'a pas d'autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de perdre la maison familiale, utilisée comme caution. Ree va alors se heurter au silence de ceux qui peuplent ces forêts du Missouri. Mais elle n'a qu'une idée en tête : sauver sa famille.
MON PAPA A MOI EST UN GANGSTER
Winter’s bone sort enfin sur nos écrans, un an après sa découverte à Sundance, et quelques mois après un détour au festival de Deauville. Le palmarès Deauvillais de cette année mérite d’ailleurs qu’on s’y attarde, car si Winter’s Bone y a été justement primé, c’est le film Mother & Child qui a remporté le grand prix. Dans la famille du cinéma indépendant américain, on imagine mal paire plus mal assortie. Là où Mother & child répète des vieux tics d’écriture lisse jusqu’à la fadeur, pour finir par ressembler à un plateau repas lambda à réchauffer au micro onde, le film de Debra Granik débarque avec une aridité, une singularité qui le distingue immédiatement du tout-venant, et une humilité qui ne l’empêche jamais d’être incisif et percutant comme peu de films peuvent s’en vanter.
A première vue, le long métrage a un coté pas très folichon, rugueux comme une écorce de bois, avec ses arbres morts, son ciel de plomb, ses jouets abandonnés dans le jardin…. Un coin perdu du Missouri (qui se prononce ici comme « misery » !), visiblement oublié de tous, même des Maçons du cœur. Ce qui permet à Winter’s Bone de planer bien au dessus du misérabilisme qui guettait, ce sont deux atouts qui crèvent immédiatement l’écran. Tout d’abord un scénario en béton, qui joue plus sur la sobriété rêche des situations que sur leur coté lacrymal, et qui transforme une simple histoire de quête familial en course contre la montre. La deuxième grande qualité du film, c’est un casting au diapason. De la révélation Jennifer Lawrence (justement primée un peu partout depuis un an aux Etats-Unis) aux seconds rôles (John Hawkes, vu chez Ridley Scott et Miranda July, ou Sheryl Lee aka Laura Palmer de Twin Peaks), tous sont exemplaires. Beaucoup plus proche d’un suspens glacé que d’un mélo maussade, Winter’s bone est une réussite.