When Evil Lurks
Cuando acecha la maldad
Argentine, 2023
Durée : 1h39
Sortie : 17/04/2024
Après avoir découvert un cadavre mutilé près de leur propriété, deux frères apprennent que des événements étranges survenant dans leur village sont dus à un homme possédé par un démon, dont la famille attend que quelqu’un puisse le libérer de ce mal.
NEGRO ES NEGRO
Dès le premier plan, un plan-séquence aux mouvements de caméra motivés par les déplacements plein d'urgence des personnages alertés par quelque chose que tu ignores hors de chez eux, le film nous agrippe. Et il ne va plus jamais nous lâcher. En tout cas, pas pendant les 45 premières minutes, menées tambour battant, donnant l'impression de voir l'action se dérouler en temps réel. Pas de perte de temps, pas de gras. On dirait que l'un des mots d'ordre de l'écriture a été "hors de question de faire un film d'horreur avec le cliché des protagonistes restant inexplicablement dans un endroit hanté". Le postulat le réfute comme une profession de foi, suivant l'échappée effrénée des personnages cherchant à fuir un mal imperceptible, contagieux, protéiforme. Par moments, on dirait un Hidden rural et le décor, avec les personnages que cela implique, tranche avec les familles nucléaires de banlieues pavillonnaires coutumières du genre. On sent aussi que la culture argentine nourrit un lore où le fantastique est plus immédiatement acceptable et accepté, ce qui permet là aussi de gagner du temps en s'économisant l'habituelle et fatigante phase d'exposition et d'incrédulité. Dès la deuxième scène, on découvre un pauvre hère possédé et c'est parti. Et là aussi, le film contourne les clichés. Pas d'enfant sanglés sur un lit à parler d'une voix grave, injurieuse et blasphématoire mais un corps répugnant, traité comme un malade, parce que sa condition, toute surnaturelle qu'elle est, est perçue comme une donnée existante de ce monde.
Cette approche est vraiment rafraichissante et engageante et le film commence dès le départ à abattre ses cartes de plus en plus hard et quand arrivent les scènes qui, elles, n'épargnent pas les enfants, le choc est réel. Il y a des images qui resteront gravées là. Le film est d'une noirceur é-ner-vée et ne s'embarrasse d'aucune concession mais jamais complaisant. Si tout ce qu'il y a autour n'était pas aussi efficace - dans la caractérisation express, dans la mise en scène, dans l'intensité (plus que la tension) - la violence pourrait paraître gratuite mais le film est tellement prenant qu'il exerce une sidération qui permet d'ailleurs de passer outre des règles (délibérément) floues. La deuxième partie, à partir de la rencontre avec Mirta, est moins impressionnante - le récit se pose un peu, la spécialiste sort son baratin - mais là aussi, le film déjoue un peu les attentes et continue dans son programme impitoyable et la fin, sans surfaire la chose, est sans appel. Le film laisse le spectateur s'interroger sur ce qu'il raconte dans le fond, sur la parentalité, sur la pandémie ou sur l'inanité des croyances, mais s'impose comme excellent.