White God

White God
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
White God
Fehér isten
Hongrie, 2014
De Kornél Mundruczó
Scénario : Kornél Mundruczó
Durée : 1h59
Sortie : 03/12/2014
Note FilmDeCulte : *****-
  • White God
  • White God
  • White God

Les mésaventures d’une fille et de son meilleur ami, un chien, dans un monde d’élus et de perdants, où le pedigree est un facteur déterminant.

AU BOULOT LES TOUTOUS

White God n’est pas du tout le film auquel on pouvait s’attendre de la part de Kornel Mundruczo (lire notre entretien). Sans quitter les récits allégoriques, on est ici loin de la torpeur esthétique de Delta ou de A Tender Son. En comparaison, White God ressemble à un film d’action à suspens, et le film peut notamment se vanter de posséder une scène d’ouverture plus percutante que tous les films présentés jusqu’ici en compétition à Cannes. White God a ses défauts, mais c’est l’un des films les plus dingues et gonflés vu depuis longtemps, offrant un impressionnant mélange d’ultra-réalisme et d’imagination folle. Le mieux étant évidemment d’en savoir le moins possible à l’avance. Au commencement se trouvent une petite fille pas vraiment prise en compte par son père, et un chien, pour le coup carrément rejeté par le même père. Vous croyez avoir deviné d’avance? Dans White God, Mundruczo déjoue pourtant complètement les clichés de la formule du type « l’enfant et l’animal ». Vous savez, ce genre de films mignons où un bambin solitaire devient ami avec un cheval ou un oiseau - ça marche probablement aussi avec une méduse.

White God commence certes comme un vrai festival pour les fans et adorateurs de toutous, une parade qui fait presque craindre la propagande pro-chien. Mais il s’éloigne également de tout cela par le vrai sens du bizarre dont fait preuve Mundruczo. Bizarrerie que l’on retrouve par exemple dans l’emphase disproportionnée qui accompagne peu à peu chaque geste du chien, filmé presque comme un superhéros. Le point d’orgue est atteint lorsque, dans un élan particulièrement culotté, le film abandonne (momentanément mais entièrement) sa jeune héroïne pour ne plus raconter que les aventures du toutou. Toutou rencontre d’autre chiens, toutou vit sa vie pas facile de bâtard abandonné, toutou se fait poursuivre par des méchants… Il faut le voir pour y croire. White God pourrait faire penser à ces nanars-à-chiens type Comme chiens et chats, s’il ne gardait pas un sérieux qui force le respect. Et surtout, Mundruczo ne cède jamais à la facilité de l’humanisation débile qui caractérise les fictions et documentaires animaliers les plus faibles. Le héros est un chien, mais il ne parle pas, n’a pas de super pouvoir. Il reste uniquement un chien. Quoique…

Cette partie du film frappe par son rythme trépidant qui rend White God particulièrement accessible, et si l’on retrouve la touche du réalisateur hongrois, c’est en comprenant que ce que l’on voit n’a rien d’une blague. La métaphore est là, à la fois concrète et prophétique. De gentiment dingo, White God vire au film catastrophe naturaliste, au film d’horreur sociale. Et bien plus que les chiens, ce sont les humains qui finissent par avoir froid dans le dos. Voilà un film qui n’a certainement pas peur du ridicule. Une réussite.

par Gregory Coutaut

Commentaires

Partenaires