Une Famille heureuse

Une Famille heureuse
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Une Famille heureuse
Chemi Bednieri Ojakhi
Géorgie, 2017
De Nana Ekvtimishvili, Simon Groß
Scénario : Nana Ekvtimishvili
Durée : 2h00
Sortie : 10/05/2017
Note FilmDeCulte : ****--
  • Une Famille heureuse
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Professeure dans un lycée de Tbilissi, Manana est mariée depuis 25 ans à Soso. Ensemble, ils partagent leur appartement avec les parents de Manana, leurs deux enfants et leur gendre. Une famille en apparence heureuse et soudée jusqu'à ce qu'à la surprise de tous, Manana annonce au soir de son 52e anniversaire sa décision de quitter le domicile conjugal pour s’installer seule.

JE PRÉFÈRE RESTER TOUTE SEULE

Parmi les rares films géorgiens à parvenir à se frayer un chemin jusqu'à nos écrans, on avait remarqué il y a quelques années Eka & Natia, Chronique d'une jeunesse géorgienne de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß. Le duo de cinéastes revient avec un nouveau long métrage qui sur le papier semble obéir aux mêmes règles classiques que leur précédent ouvrage : la où Eka & Natia... obéissait aux règles du récit d'apprentissage adolescent, Une famille heureuse appartient à la famille (nombreuse) du magnifique-portrait-de-femme. Cette famille, presque un genre de cinéma à lui tout seul, où une héroïne incomprise se retrouve, en luttant contre l'adversité, à symboliser à la fois les travers et les victimes de la société dépeinte. De fait, les magnifiques-portraits-de-femmes-dignes sont souvent si respectueux des mêmes codes narratifs qu'ils en deviennent prévisibles, à tel point qu'on pourrait souvent changer le pays où le film se déroule que ça ne changerait pas grand chose (alors que paradoxalement, ce sont souvent des films qui sont vendus sur leur argument sociologiques).

Heureusement, il y a dans Une famille heureuse quelque chose qui déraille, dans le bon sens du terme : celui de inattendu. Certes, les pistes attendues sont effectivement abordées, il y a même une touche de folklore musical – de bien belles harmonies vocales masculines – qui menace de faire ressembler l'ensemble à un produit tout prêt à être empaqueté pour nos écrans, et facilement digérable. Si ce n'était ce je-ne-sais-quoi qui cloche amèrement, qui fait dérailler le film d'une route trop pépère. Cela réside à la fois dans le mystère qui entoure les raisons poussant Manana a quitter sa famille l'air de rien. Cette absence d'explication pourrait paraître absurde, elle est au contraire très sombre. Cela permet non seulement aux réalisateurs d'éviter de tomber dans le film-à-thèse (Manana n'est pas battue par son mari, ni emprisonnée par sa société), mais cela étoffe grandement le personnage principal. Quand Manana s'esquive en cachette de sa propre soirée d'anniversaire, c'est le soupçon d'une dépression irrésolue qui plane plutôt au-dessus de sa tête. Comme dans leur précédent film, les cinéastes témoignent d'une aisance notable pour les scènes de groupe, particulièrement dynamiques et nuancées. Mais paradoxalement, c'est quand le film ne dit plus rien qu'il devient le plus émouvant.

par Gregory Coutaut

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