Un heureux événement

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Un heureux événement
France, 2011
De Rémi Bezançon
Scénario : Rémi Bezançon, Vanessa Portal
Avec : Josiane Balasko, Louise Bourgoin, Thierry Frémont, Pio Marmaï, Firmine Richard
Photo : Antoine Monod
Musique : -- Sinclair
Durée : 1h50
Sortie : 28/09/2011
Note FilmDeCulte : *****-
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"Elle m’a poussée dans mes retranchements, m’a fait dépasser toutes mes limites, m’a confrontée à l’absolu : de l’amour, du sacrifice, de la tendresse, de l’abandon. Elle m’a disloquée, transformée. Pourquoi personne ne m’a rien dit ? Pourquoi on n’en parle pas ?" Un heureux événement ou la vision intime d’une maternité, sincère et sans tabous.

LE TROISIÈME FILM DU RESTE DE TA VIE

Suite à la rafraîchissante entrée en matière que constitue Ma vie en l'air, et après avoir transformé l'essai avec Le Premier jour du reste de ta vie, Rémi Bezançon était attendu au tournant. Les premières informations concernant son troisième long métrage éveillaient certaines questions. En choisissant d'adapter le témoignage d'un autre, qui plus est une femme, le cinéaste allait-il réussir à garder ce ton personnel (et plus à l'aise au masculin) qui faisait l'originalité de ses deux premières œuvres? Est-ce que les quelques limites dans l'écriture que laissait paraître le scénario de son précédent film allaient être exacerbées? Et Louise Bourgoin, une actrice qui n'a pas encore confirmé la légitimité de son passage au grand écran, allait-elle parvenir à porter le film sur ses épaules? En dépit des craintes que pouvait susciter le projet, force est de constater que Rémi Bezançon a remporté son pari une fois de plus. Si Un heureux événement s'avèrera peut-être comme le moins abouti de ses films, l'ouvrage demeure parcouru de toutes ces choses qui font la réussite des films de l'auteur. Cette manière d'explorer des sujets mille fois vus, sans avoir peur du cliché, qu'il transcende par l'humour ou l'émotion, accentué de références geek ou via une mise en scène qui arrive à faire donner du relief au quotidien.

LA FEMME (EN)SAINTE

Le principal atout du film est sans doute dans ce regard qui tend à l'universalité dans sa capacité à cristalliser à la perfection des situations pourtant communes. Dans le cas présent, c'est un point de vue assez frais, sur la grossesse, l'accouchement et l'irruption d'un enfant dans la vie d'un couple, qui ose notamment les détails trash (l'épisiotomie) ou impudiques (la visite du staff médical post-accouchement) rarement vus au cinéma. Cette démystification de la grossesse puis de l'instinct maternel inné, compose par ailleurs la ligne directrice du film. En cela, le récit trouve une voix assez originale, entre le point de vue d'Eliette Abecassis - auteur de l'ouvrage original, dont la subjectivité est adoptée - et celui de Bezançon, qui revisite ainsi la thématique de la filiation, récurrente dans ses films, tout en apportant au film son humour (trois films, trois blagues sur le fait d'avaler du sperme, décidément...). Ceux qui reprochaient au Premier jour du reste de ta vie de trop s'appuyer sur des stéréotypes, notamment pour le personnage de la fille, apprécieront qu'un regard féminin, plus authentique donc, soit épousé ici. Cependant, le long métrage n'est pas exempt de lieux communs et ceux-ci paraissent moins bien détournés qu'auparavant. Dans le premier acte notamment, on retrouve le goût de Bezançon pour des répliques parfois très "écrites" et certaines sonnent faux. C'est d'ailleurs dans ces moments-là que le jeu de Bourgoin, notamment cette voix off parfois superflue, effraie, mais par la suite, l'actrice surprend et se révèle à la hauteur du défi. Certaines de ses punchlines font mouche et quand le récit vire au drame dans la seconde partie, elle se fait plus convaincante.

BABY BOOM

Au demeurant, cette deuxième heure pourra paraître conventionnelle, parce qu'elle présente des situations de disputes qui, en soi, n'ont rien de nouveau, mais dans le contexte du propos du film, elles s'avèrent plus pertinentes que dans un simple drame de couple en crise. La toute fin est sans doute un peu rapide et la chute facile, mais l'ensemble reste très à propos. Pour quiconque rêve d'avoir des enfants, ce que montre Un heureux événement est à la fois des plus excitants et des plus effrayants. Le film est assez riche, alternant habilement comédie (excellente scène des DVD) et drame, à la fois cru et mature. Il faut voir comme Bezançon substitue à l'imagerie délibérément niaise du début (de l'amour) une réalité sans fard et continue tout le long à faire du titre un vrai sarcasme. Et en même temps, jamais l'auteur ne tombe dans du vulgaire cynisme anti-bébé, sachant par ailleurs faire appel aux larmes au moment opportun. On regrettera que l'écriture ne soit pas aussi forte pour les personnages qui entourent le couple (le personnage de Thierry Frémont, version ratée de celui de Gilles Lellouche dans Ma vie en l'air), même si on retient une Josiane Balasko plutôt amusante dans le rôle de la mère. Une jolie petite réussite.

par Robert Hospyan

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