Tron l'héritage

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Tron l'héritage
Tron Legacy
États-Unis, 2009
De Joseph Kosinski
Scénario : Adam Horowitz, Edward Kitsis
Avec : Jeff Bridges, Garrett Hedlund
Photo : Claudio Miranda
Musique : Daft Punk
Sortie : 09/02/2011
Note FilmDeCulte : ****--
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Kevin Flynn est à nouveau à la tête d’Encom, grande compagnie de logiciels, et continue d’expérimenter à l’intérieur du monde informatique. Soudain, il disparait sans laisser de traces. Sans nouvelles depuis vingt ans, son fils rebelle retourne dans la vieille salle d’arcade de son père afin de trouver des réponses.

L’HOMME TRON

Lorsqu’au début des années 80 Disney tente d’utiliser le médium informatique - un outil au début de sa gloire mais encore obscur - pour réaliser Tron, les animateurs du studio se rebellèrent et nombre d’entre eux refusèrent de participer au projet, craignant que cela encourage leur remplacement par des ordinateurs. Malheureusement, le film fit un four mais son énorme succès en vidéo lui permit de cultiver son image culte et de devenir un autre emblème du cinéma américain des années 80. Mais plus que tout, Tron amorça, un peu trop en avance peut-être, le début de l’ère numérique dans le monde du cinéma. Incroyablement pionnier et prophétique, le film excita l’imagination des geeks du monde entier, espérant pendant près de trente ans que les studios Disney daignent enfin à mettre en chantier une suite. Lorsque Tron, l’héritage fut annoncé au travers d’une démo technique au Comi-Con de 2008, la toile se réveilla. Les temps avaient changé, l’informatique avait envahi notre quotidien et l’idée d’une vie parallèle, de bits et de brocs, n’était plus un vague concept de science-fiction mais bien une réalité.

FLYNN LIVES

Tout comme le film original, l’intrigue de Tron, l’héritage ne sert que de prétexte à faire entrer le spectateur dans le monde numérique. Immeubles immenses dressés vers un ciel éternellement sombre, autoroutes bordées de lumières bleutés, effets néons, lightcycles lancés à toute allure dans des arènes de gladiateurs codés condamnés à être désintégrés en petits cubes-pixels pour les plaisirs d’un jeu vidéo, entités religieuses, mystiques, composent l’univers de Tron. Dans ce lieu étrange évoluent des personnages qui se livrent une guerre spirituelle, combat entre le créateur et son double déchu, fait à son image pour guider un peuple autrefois balbutiant et maintenant en plein essor. En empruntant le thème de la foi, présent mais peu exploité dans le film de 1982, le réalisateur Joseph Kosinski, surdoué venu de la pub et au background d’architecte, tente d’injecter une saine dose de profondeur, sans toutefois parvenir à dépasser une certaine superficialité. Malgré toutes les bonnes intentions du script, ce qui semble intéresser le plus le réalisateur, ce sont les évidentes scènes d’action, reprises et mises à jour du premier volet, courses en moto lumineuses et lancer de disque inclus, se déroulant dans d’immenses décors virtuels faits de verre et de lumière.

S’ASSEOIR SUR LE TRON

Affublé d’un double rôle, Flynn et son double numérique rajeuni (profitant avec moins de bonheur de la technologie mise au point pour Benjamin Button), Jeff Bridges s’en tire une fois de plus avec les honneurs. Entre vieil ermite dans la montagne et despote nourri des rêves pervertis de son créateur, regardant vers d’autres horizons, il impose en quelques mots sa présence magnétique, écrasant le jeune premier fadasse Garrett Hedlund. Tandis qu’Olivia Wilde, belle révélation en premier rôle féminin, parvient à faire fonctionner son charme immédiat au gré d’un rôle qui démontre bien les ambitions du film ainsi que ses échecs. Pour un premier film - au budget conséquent et officieux de 200 millions de dollars - Kosinski parvient à mener son équipe jusqu’au bout, offrant un délire visuel inédit, et parvient parfois à nous faire retrouver les vertiges qu’on avait éprouvés lors des scènes en IMAX du Dark Knight de Christopher Nolan. La relative inexpérience du réalisateur se fait toutefois parfois ressentir lors de certaines scènes où il peine à recréer de la tension et du rythme, privilégiant certainement l’esthétique au sens. Il faudra juste espérer que Disney ne mette pas à nouveau trente ans pour choisir de produire une nouvelle suite. Laquelle viendra, on l’espère, gommer les petits défauts d’un film qui se veut sincère, en approfondissant les thèmes et l’univers et en améliorant la mise en scène parfois défaillante. En l’état on a une œuvre attachante et visionnaire mais un peu bancale et trop attachée à sa plastique parfaite.

par Nicolas Plaire

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