Tir
Branko, ancien professeur en Croatie, travaille depuis quelques mois comme chauffeur routier pour un transporteur italien. Une décision qui peut s’expliquer par le fait qu’il gagne trois fois plus qu’auparavant. Mais chaque chose à son prix, même si ce n’est pas en argent. Enfants, on nous apprend que « le travail ennoblit l’homme », mais il semblerait qu’ici ce soit le contraire : c’est l’efficacité de Branko, son obstination et sa bonne volonté qui rendent noble un travail toujours plus aliénant, fou et asservissant.
TIR AU PIGEON
En septembre dernier, le documentaire italien Sacro GRA, consacré au périphérique de Rome (le Grande Raccordo Annulare), recevait à la surprise plus ou moins générale le Lion d'or de la Mostra de Venise. Quelques semaines plus tard, Tir, de l'Italien Alberto Fasulo, mixe fiction et approche documentaire autour d'un conducteur de camion. Un air de déjà vu ? Les deux films ne sont pas jumeaux mais il y a quelque chose d'ironique à voir ces deux peintures sociales et motorisées tirant sur le doc primées dans les deux principaux festivals italiens à quelques semaines d'intervalle, comme si un nouveau calibrage de film "primable" avait été immédiatement créé. Pourtant, de notre côté, on ne parie pas sur le grand souvenir de cinéma que peut laisser ce Tir. Le long métrage de Fasulo s'inscrit dans la grande lignée des films à sujet fort mais dont les qualités cinématographiques sont proches de l'encéphalogramme plat. On se souvient de la tension, des enjeux dramatiques créés à bord de la carlingue de Sofia's Last Ambulance d'Ilian Metev, resté inédit en France. Tir et ses bavardages au volant qui s'étirent à l'infini sont d'un ennui mortel. Et le sujet digne a bon dos quand le traitement est aussi pauvre...