The Young Lady

The Young Lady
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Young Lady (The)
Lady Macbeth
Royaume-Uni, 2016
De William Oldroyd
Avec : Florence Pugh
Durée : 1h29
Sortie : 12/04/2017
Note FilmDeCulte : *****-
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1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion. Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible.

LA BELLE DAME SANS MERCI

De la belle demeure rurale, du 19e siècle British, de la dame en jolie robe, du triste mariage, du palefrenier sexy... On a, à la lecture de ces différents éléments de l'histoire de The Young Lady, la curieuse impression d'avoir vu le film avant même qu'il ne débute - et on a tout faux.

Premier long métrage du Britannique William Oldroyd (lire notre entretien), venu du théâtre, The Young Lady a été très remarqué en festivals depuis l'automne dernier et sort ce mercredi en France. Et à partir d'une histoire qu'on croit déjà connaître, le réalisateur brouille les pistes. Le décorum reste au second plan, la maison est assez nue, la campagne brute et Oldroyd filme cela avec un sens de l'épure qui installe rapidement une étrange tension. Son héroïne, Katherine, est en cage ; la verdure, l'air à l'extérieur pourraient semble t-il lui faire du mal - si on la traite comme une commode, c'est visiblement pour son bien. William Oldroyd, adaptant le roman de Nikolaï Leskov, décrit une société ultra-corsetée (métaphoriquement comme littéralement) où l'on hait les femmes. La torture mentale est à deux doigts de devenir physique, l'humiliation quotidienne. On imagine Katherine serrer les dents et souffrir pendant 1h30 : il n'en sera rien.

La caméra dans The Young Lady présente à plusieurs reprises des corps sans tête, le cadre coupant à hauteur du cou, insistant sur les postures (souvent raides) des personnages. Tout, qu'il s'agisse du décor, de l'intrigue ou de l'héroïne, rappelle le cinéma d'horreur - et pourtant The Young Lady n'est jamais traité comme tel. Dans cet univers froid comme un tombeau naissent pourtant un désir viscéral, une ouverture vers le romanesque avec la liaison passionnée de l'héroïne et d'un jeune homme bien plus avenant que son croquemort de mari. Encore une fois, Oldroyd a plus d'un tour dans son sac. L'une des grandes réussites du scénario écrit par Alice Birch est son habileté à jouer d'une part avec les attentes comme on l'a évoqué, mais aussi avec les ruptures de ton. C'est un film d'horreur qui n'en est jamais un ; c'est un drame costumé... qui ressemble de plus en plus à une comédie noirissime au très mauvais esprit. Car la méchanceté de The Young Lady semble sans limite. Elle n'est pas en roue libre pour autant: plus le film est méchant, plus son héroïne est ambiguë, et plus on s'attache à elle. Voilà un tour de passe-passe pas évident: le récit est à la fois glaçant et jubilatoire et, à partir de personnages enfermés dans leur condition, ne se limite jamais à une seule note - à l'image du dénouement où à la haine misogyne succède le mépris de classe. Porté par une jeune actrice épatante (Florence Pugh), The Young Lady est une belle révélation.

par Nicolas Bardot

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